Cours d’introduction à l’analyse économique Pascal da Costa
Chapitre 2 Marchés et régulations
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Chapitre 2
Marchés et régulations 2.1 Le marché et ses défaillances La construction d’un grand marché concurrentiel en Europe, qui a demandé (et de- mande encore) de gros efforts d’adaptation aux États membres comme aux autres acteurs économiques, a donné l’impression d’être LA priorité européenne et que tous les autres aspects de la construction européenne (aspects diplomatiques, sociaux, constitutionnels, aspects liés à la Défense européenne, etc.) pouvaient attendre. Mais pourquoi donc avoir procédé ainsi ? Est-ce par pure idéologie libérale comme certains le dénoncent ? Sinon qu’est-ce qu’un marché concurrentiel offre comme avantages ? Nous verrons dans ce chapitre que le marché concurrentiel est d’une grande efficacité pour permettre un ajustement correct de l’offre et de la demande. En économie de mar- ché, volume de l’offre et volume de la demande s’ajustent grâce à des variations du niveau des prix. Dit autrement, l’égalisation de l’offre et la demande nécessite de préserver les marchés et la concurrence. Or la concurrence ne va pas forcément de soi : sur certains marchés ou pour certains secteurs, l’instauration d’un régime concurrentiel n’est ni na- turelle, ni automatique (on parle dans ce cas de monopole naturel). Par ailleurs, comme les entreprises recherchent le profit : certaines peuvent être tentées d’avoir recours à des pratiques anti-concurrentielles, de type cartel ou dumping. Nous verrons (dans les détails) que cela va le plus souvent contre les intérêts des consommateurs en les privant de l’ac- quisition des biens et des services aux meilleurs rapports qualité-prix. Il s’agit alors, pour protéger les consommateurs, d’organiser, soutenir et surveiller ces marchés. C’est l’objet principal de la régulation de l’économie, généralement réalisée par des autorités publiques ou indépendantes (Conseil de la Concurrence en France). Dans les faits, quelle forme doit 21 prendre cette régulation ? Quelle doit être son intensité ? Comment s’y prend-elle pour que le fonctionnement du marché soit le plus efficace possible ? Cette « bonne régulation » est un exercice rendu très complexe dans la mesure où il existe aussi des défaillances de marchés, c’est-à-dire des situations dans lesquelles la concurrence parfaite ne délivre pas la solution la plus efficace. La recherche pure et simple de la concurrence sur tous les marchés n’apporte pas que des gains ! Par exemple, la concurrence parfaite ne permet pas spontanément de régler les problèmes de pollution de l’environnement ou d’arriver à un niveau d’innovation suffisant. Selon l’économiste de l’entre-deux-guerres Schumpeter, les secteurs où les entreprises disposent d’un certain degré de monopole sont les plus à même d’innover, car la perspective de futures rentes de monopole incite les entreprises à investir dans l’innovation. Et c’est donc principalement pour promouvoir l’innovation que la politique de régulation des marchés aux Etats-Unis d’Amérique est souvent jugée plus souple contre les monopoles (lorsqu’ils justifient leur activité d’innovation) que celle menée par l’Union européenne. Notons enfin que la politique de régulation stricte menée par Bruxelles peut compli- quer la tâche des grandes entreprises européennes qui sont placées sur un marché mondial concurrentiel : en effet, la stratégie de développement de ces entreprises consiste géné- ralement à acquérir une taille suffisante pour pouvoir bénéficier d’économies d’échelle et ainsi réduire leurs coûts ; mais cette stratégie risque de fausser le jeu concurrentiel dans le cas où l’entreprise devient un acteur trop omniprésent sur son secteur en Europe (tend vers un quasi-monopole), ce que ne manqueront pas de dénoncer les autorités de la concurrence européenne. Déterminer la meilleure politique de régulation est donc un exercice délicat qui ne consiste pas seulement à traquer les ententes collusives entre entreprises, mais nécessite l’intervention des États lorsque la concurrence ne peut pas s’appliquer sur un marché qui souffre de « failles » : présence de secteurs en situation de monopole dit naturel, présence d’asymétrie d’information, mais aussi d’externalités, y compris de pollutions ; autant de points que l’on abordera après avoir défini ce qu’est un marché de concurrence parfaite. Download 1.3 Mb. Do'stlaringiz bilan baham: |
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