Cours d’introduction à l’analyse économique Pascal da Costa
La pollution : une externalité négative
Download 1.3 Mb. Pdf ko'rish
|
master2021
2.3.2 La pollution : une externalité négative
L’utilisation de l’environnement est généralement gratuite. Or, l’environnement est à la fois un réceptacle de déchets liés à la production, et une ressource dont la qualité influe sur la production et sur les services environnementaux (par exemple pour les activités récréatives : randonnées en montagne, etc.). Les actions de production qui détériorent la qualité de l’environnement donnent lieu à des externalités négatives : la détérioration de l’environnement nuit à la qualité de l’environnement et à celle des activités récréatives sans que personne ne soit dédommagé pour ce préjudice. Nous avons déjà vu que c’est parce que l’environnement est gratuit (et qu’il n’existe pas de marché où s’échange la qualité de l’environnement) que les agents économiques ont intégré, dans leur choix de consommation et de production, le fait d’ignorer leurs effets nocifs sur la qualité de l’environnement. Par exemple une usine qui pollue une rivière évite le coûteux processus de retraitement, mais cela diminue l’utilité des riverains qui utilisaient les services environnementaux de la rivière (pour la pêche ou la baignade). Malgré la pollution, ces derniers ne sont pas indemnisés pour la perte d’utilité car la rivière ne leur appartient pas (cf. les travaux de l’économiste Coase). Ainsi, les biens dont la production engendre une pollution sont, du point de vue social, produits en quantité excessive. Dans ce cadre, l’intervention publique est nécessaire. L’Etat peut mettre en place une taxe qui permet d’internaliser les effets externes négatifs (dit plus simplement, le pollueur subit les coûts environnementaux qu’il risque d’infliger aux riverains, ce qui réduit souvent les quantités de polluants émises). Un marché de permis d’émissions négociables (dit aussi marché de droits à polluer ou de quotas échangeables) est l’instrument dual d’une taxe, dans la mesure où, lorsqu’un marché est mis en place, ce n’est pas un prix qui est déterminé mais une quantité de quotas global qui est fixée (le prix d’un droit à émettre est alors déterminé par l’équilibre du marché où s’échangent les quotas : une entreprise qui souhaite polluer plus que ses quotas ne l’autorise doit trouver sur le marché une autre entreprise qui, elle, souhaite polluer moins et qui est prête à vendre ses quotas économisés au plus offrant). D’après Pigou (1920) (théorie de l’internalisation déterminée dès les années 1910 !), les externalités reflètent une divergence entre dommage marginal social causé par les pollutions (les riverains sont privés de l’eau propre de la rivière) et coût marginal privé lié au fait de réduire les pollutions (le coût du retraitement évité) : la taxe qui convient entraîne l’internalisation des effets externes, elle permet d’augmenter le coût marginal privé du pollueur en le taxant jusqu’à ce qu’on son coût marginal privé soit égal au 40 dommage marginal social ; il produit alors la quantité optimale du bien (quantité globale plus faible), et engendre moins de pollution. Il existe des taxes environnementales de ce type dans plusieurs pays du monde, no- tamment en Suède ou aux Pays-Bas, où le montant des taxes environnementales supplé- mentaires a été compensé par une réduction des taxes déjà existantes sur le travail, de sorte que la mise en place de la taxe s’est faite à budget constant pour l’État. Pourquoi avoir baissé les taxes sur le travail ? Les économistes pensent que l’impôt le plus dis- tordant, c’est-à-dire celui dont le coût pour la société est le plus important, est l’impôt sur le travail, notamment sur les bas salaires. Le pari implicite consiste à obtenir une amélioration sur le marché du travail, tout en réduisant la pollution globale. Le protocole de Kyoto de 1997 prévoyait le recours à un système de marché de droit à polluer au niveau international. Sur ce marché, le pays qui aura finalement émis plus de CO2 que ce que lui permettent ses quotas, doit payer des quotas supplémentaires au prix du marché. C’est l’hétérogénéité des pays, par l’intermédiaire de leur capacité différente à réduire leurs émissions, qui fait qu’un tel marché est nécessaire. Une fois que les échanges ont eu lieu, les coûts marginaux de réduction de la pollution de tous les acteurs (les pays) sont égaux (et égaux au prix de marché d’un quota). Cette égalisation des coûts marginaux est donc atteinte grâce à des niveaux de réductions des émissions polluantes qui diffèrent d’un pays à l’autre. Les émissions sont réduites là où c’est le moins coûteux : l’objectif est atteint au moindre coût. Download 1.3 Mb. Do'stlaringiz bilan baham: |
Ma'lumotlar bazasi mualliflik huquqi bilan himoyalangan ©fayllar.org 2024
ma'muriyatiga murojaat qiling
ma'muriyatiga murojaat qiling