La distinction


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Sana16.01.2018
Hajmi445 b.
#24646



Aujourd’hui, les anthropologues reconnaissent que la dimension économique n’est pas l’unique domaine où réagissent les personnes à des inégalités créées par la structure du pouvoir. On parle plutôt de «capital culturel» (Pierre Bourdieu, La distinction), les éléments (qui incluent la mode) qui permettent aux personnes de manœuvrer positivement dans un système de statut sans nécessairement accéder au vrai pourvoir détenu et gérer par l’État. Autrement dit, les modèles qui se basent sur la centralisation du pouvoir ne sont plus nécessairement utiles pour comprendre des cultures nationales décentralisées par le système mondial.

  • Aujourd’hui, les anthropologues reconnaissent que la dimension économique n’est pas l’unique domaine où réagissent les personnes à des inégalités créées par la structure du pouvoir. On parle plutôt de «capital culturel» (Pierre Bourdieu, La distinction), les éléments (qui incluent la mode) qui permettent aux personnes de manœuvrer positivement dans un système de statut sans nécessairement accéder au vrai pourvoir détenu et gérer par l’État. Autrement dit, les modèles qui se basent sur la centralisation du pouvoir ne sont plus nécessairement utiles pour comprendre des cultures nationales décentralisées par le système mondial.



Le concept de capital culturel nous permet de mieux comprendre comment les personnes réagissent au pouvoir en utilisant les outils à leur disposition. La mode en est un de ces instruments du peuple. Autrement dit, la mode n’est pas uniquement un aspect du Soi censé établir le statut de l’élite vis-à-vis des classes subalternes, mais également une façon individuelle de se positionner vis-à-vis le pouvoir (James Scott, Weapons of the Weak, 1985), surtout dans un espace social pyramidal, où la structure plus ouverte encourage un peu de souplesse sociale.

  • Le concept de capital culturel nous permet de mieux comprendre comment les personnes réagissent au pouvoir en utilisant les outils à leur disposition. La mode en est un de ces instruments du peuple. Autrement dit, la mode n’est pas uniquement un aspect du Soi censé établir le statut de l’élite vis-à-vis des classes subalternes, mais également une façon individuelle de se positionner vis-à-vis le pouvoir (James Scott, Weapons of the Weak, 1985), surtout dans un espace social pyramidal, où la structure plus ouverte encourage un peu de souplesse sociale.



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Traditionnellement, la mode appartient aux classes supérieures; les «autres», subalternes, portaient des vêtements adaptés au travail ou des guenilles. Les changements à la mode ont donc été naturellement interprétés comme des tentatives des classes supérieures d’établir de micro-distinctions à l’intérieur de la catégorie «supérieure», et de définir un écart les séparant des classes moyennes qui, elles, cherchaient à imiter les classes huppées pour augmenter leur statut. La mode est liée à un système de pouvoir, et ce n’est pas surprenant que les élites en Occident (commençant avec le monde classique) ont mis en place des Lois somptuaires qui lient la présentation du Soi au statut de l’individu, ceci pour limiter les effets du surenrichissement sur le système de classe.

  • Traditionnellement, la mode appartient aux classes supérieures; les «autres», subalternes, portaient des vêtements adaptés au travail ou des guenilles. Les changements à la mode ont donc été naturellement interprétés comme des tentatives des classes supérieures d’établir de micro-distinctions à l’intérieur de la catégorie «supérieure», et de définir un écart les séparant des classes moyennes qui, elles, cherchaient à imiter les classes huppées pour augmenter leur statut. La mode est liée à un système de pouvoir, et ce n’est pas surprenant que les élites en Occident (commençant avec le monde classique) ont mis en place des Lois somptuaires qui lient la présentation du Soi au statut de l’individu, ceci pour limiter les effets du surenrichissement sur le système de classe.





























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Kanuk est un manufacturier de vêtements d’hiver de haut de gamme à Montréal, surtout connu pour ses vêtements à duvet. Ses manteaux sont chauds, mais plusieurs personnes y ajoutent des accessoires comme s’ils partaient en expédition au Himalaya.

  • Kanuk est un manufacturier de vêtements d’hiver de haut de gamme à Montréal, surtout connu pour ses vêtements à duvet. Ses manteaux sont chauds, mais plusieurs personnes y ajoutent des accessoires comme s’ils partaient en expédition au Himalaya.







Quelle est la forme (métaphorique) de la «structure» de la société: une pyramide ou une coupe de champagne inversée? Autrement dit, quel est le rapport entre le haut et le bas? Est-il possible de préciser le degré de communication et de mobilité sociale entre le haut et le bas? Est-ce que la mode et les gouts vestimentaires parmi la grande masse de personnes sont-ils des tentatives d’imiter les attitudes et les styles propres aux cultures du «haut» (des élites)? Est-ce que le «bas» (qui inclut les classes moyennes et subalternes) imite-t-il les cultures du «haut» dans l’espoir d’augmenter la chance d'acquérir un statut «haut» et faire un saut de classe?

  • Quelle est la forme (métaphorique) de la «structure» de la société: une pyramide ou une coupe de champagne inversée? Autrement dit, quel est le rapport entre le haut et le bas? Est-il possible de préciser le degré de communication et de mobilité sociale entre le haut et le bas? Est-ce que la mode et les gouts vestimentaires parmi la grande masse de personnes sont-ils des tentatives d’imiter les attitudes et les styles propres aux cultures du «haut» (des élites)? Est-ce que le «bas» (qui inclut les classes moyennes et subalternes) imite-t-il les cultures du «haut» dans l’espoir d’augmenter la chance d'acquérir un statut «haut» et faire un saut de classe?



Plus la société ressemble à une pyramide, plus est-il probable que le «bas» est positivement influencé par les cultures du «haut», car en imitant les cultures élites, les membres des classes subalternes ont une chance légèrement meilleure de faire un saut, tout simplement parce qu’il y a plus de place pour eux au milieu et au sommet de la pyramide sociale. Bref, le saut du bas vers le sommet est plus facile quand la distribution du pouvoir définit un espace social plus pyramidal, plus ouvert. Ceci peut déclencher une «guerre de la mode», car les élites répondent à l’imitation en créant ou en adoptant de nouvelles modes, obligeant les classes inférieures d’adopter ces nouveaux styles; c’est la Guerre Froide de l’habillement, car les vêtements sont un marqueur de classe très puissant.

  • Plus la société ressemble à une pyramide, plus est-il probable que le «bas» est positivement influencé par les cultures du «haut», car en imitant les cultures élites, les membres des classes subalternes ont une chance légèrement meilleure de faire un saut, tout simplement parce qu’il y a plus de place pour eux au milieu et au sommet de la pyramide sociale. Bref, le saut du bas vers le sommet est plus facile quand la distribution du pouvoir définit un espace social plus pyramidal, plus ouvert. Ceci peut déclencher une «guerre de la mode», car les élites répondent à l’imitation en créant ou en adoptant de nouvelles modes, obligeant les classes inférieures d’adopter ces nouveaux styles; c’est la Guerre Froide de l’habillement, car les vêtements sont un marqueur de classe très puissant.



Wilfredo Pareto, sociologue-économiste du 19e siècle, a noté vers 1900 que la distribution de richesses en Italie adhérait à une règle de 80/20, que 20% de la population contrôlait 80% des ressources. À son grand étonnement, il a observé le même rapport pour un ensemble de pays riches et pauvres, développés et sous-développés. Ceci est devenu le Principe de Pareto, tellement est-il accepté par les chercheurs. Aujourd’hui, ce rapport est le sujet d’un débat aigu. Si ce rapport est constant, le mouvement du bas vers le haut ne dépend pas de l’économie.

  • Wilfredo Pareto, sociologue-économiste du 19e siècle, a noté vers 1900 que la distribution de richesses en Italie adhérait à une règle de 80/20, que 20% de la population contrôlait 80% des ressources. À son grand étonnement, il a observé le même rapport pour un ensemble de pays riches et pauvres, développés et sous-développés. Ceci est devenu le Principe de Pareto, tellement est-il accepté par les chercheurs. Aujourd’hui, ce rapport est le sujet d’un débat aigu. Si ce rapport est constant, le mouvement du bas vers le haut ne dépend pas de l’économie.



  • Déchiffrer les sources et les critères utilisés pour classer la richesse présente un grand défi, mais ils concordent, plus ou moins, pour appuyer l’idée de Pareto. Ce qui semble avoir changé est la distribution géographique: certains pays semblent s’enrichir davantage aux dépens des autres parties du Monde. De plus, la richesse semble se concentrer à l’intérieur du 20% élite. La Loi de Pareto ne semble plus si rigide face aux déplacements rapides typiques du régime postmoderne.

  • Sources consultées:

  • U.N. statistics - Distribution of Income and Consumption; wealth and poverty

  • Research on the World Distribution of Household Wealth (UNU-WIDER)

  • CIA World Factbook: Field Listing - Distribution of family income - Gini index



Au 19e siècle, les États de l’Occident se transforment en États-nation, s’inspirant de la radicalisation de la culture mise en place par la France révolutionnaire. Même les noms individuels, qui étaient un moyen de comptabilité pour tracer les alliances entre les maisonnées, sont politisés par les idéologues pour produire une «nation». Pour renforcer la solidarité politique, ils veulent renforcer l’unité culturelle. Les États tentent d’évacuer les menaces à leur politique de centralisation du pouvoir: les traces du système de classe de l’Ancien Régime, les privilèges hérités, les prétentions de l’Église qui réclame le partage du pouvoir, l’ethnicité comme base de l’identité sociale (aux États-Unis, ceci assume des conséquences tragiques pour les peuples autochtones; plus tard, en Allemagne, la situation devient pire pour les Juifs et les Gitans), les syndicats (qui prétendent définir une base du pouvoir qui s’oppose à celle de l’État), et même la parenté (qui fournit aux personnes de ressources psychiques et émotives pour résister à l’État, et donc devient un des premiers domaines où intervient l’État, qui prend le contrôle des mariages, de la sexualité et de la reproduction). Les personnes sont donc poussées vers une guerre de résistance psychique sur les intrusions étatiques. La mode et d’autres domaines (la musique, la littérature et le théâtre populaire, toutes des formes qui deviennent, pour l’État et ses idéologues, de formes «basses», «vulgaires» «dérivatives» de la «haute» culture – les musées et son esthétique, la musique «classique», etc.) deviennent des champs de bataille où les personnes cherchent à affirmer leur autonomie face à l’État.

  • Au 19e siècle, les États de l’Occident se transforment en États-nation, s’inspirant de la radicalisation de la culture mise en place par la France révolutionnaire. Même les noms individuels, qui étaient un moyen de comptabilité pour tracer les alliances entre les maisonnées, sont politisés par les idéologues pour produire une «nation». Pour renforcer la solidarité politique, ils veulent renforcer l’unité culturelle. Les États tentent d’évacuer les menaces à leur politique de centralisation du pouvoir: les traces du système de classe de l’Ancien Régime, les privilèges hérités, les prétentions de l’Église qui réclame le partage du pouvoir, l’ethnicité comme base de l’identité sociale (aux États-Unis, ceci assume des conséquences tragiques pour les peuples autochtones; plus tard, en Allemagne, la situation devient pire pour les Juifs et les Gitans), les syndicats (qui prétendent définir une base du pouvoir qui s’oppose à celle de l’État), et même la parenté (qui fournit aux personnes de ressources psychiques et émotives pour résister à l’État, et donc devient un des premiers domaines où intervient l’État, qui prend le contrôle des mariages, de la sexualité et de la reproduction). Les personnes sont donc poussées vers une guerre de résistance psychique sur les intrusions étatiques. La mode et d’autres domaines (la musique, la littérature et le théâtre populaire, toutes des formes qui deviennent, pour l’État et ses idéologues, de formes «basses», «vulgaires» «dérivatives» de la «haute» culture – les musées et son esthétique, la musique «classique», etc.) deviennent des champs de bataille où les personnes cherchent à affirmer leur autonomie face à l’État.



Je tente d’exposer un paradoxe: oui, la mondialisation pousse la société locale vers un modèle «coupe de champagne», mais en élargissant les frontières des communautés (largement en les fragilisant), elle crée l’illusion qu’il a plus de niches prêtes à recevoir les personnes qui maitrisent la culture de ce nouvel espace «international», les «néo-cosmopolites» qui s’internationalisent pour prendre place au banquet du régime mondial et de sa culture de détachement et de déplacement. Autrement dit, l’augmentation de la mobilité sociale et géographique est liée à l’appauvrissement en croissance.

  • Je tente d’exposer un paradoxe: oui, la mondialisation pousse la société locale vers un modèle «coupe de champagne», mais en élargissant les frontières des communautés (largement en les fragilisant), elle crée l’illusion qu’il a plus de niches prêtes à recevoir les personnes qui maitrisent la culture de ce nouvel espace «international», les «néo-cosmopolites» qui s’internationalisent pour prendre place au banquet du régime mondial et de sa culture de détachement et de déplacement. Autrement dit, l’augmentation de la mobilité sociale et géographique est liée à l’appauvrissement en croissance.



L’espace social était assez complexe avant la mondialisation; aujourd’hui, il l’est davantage, car le l’espace public où traditionnellement les lignes de force agissaient et se chevauchaient est brouillé. Qu’est-ce qu’un lieu public de nos jours? Il y a un autre aspect problématique à la mondialisation: on parle incessamment des frontières poreuses (États, nations, pays, individus), comme si la migration était devenue un paroxysme global. Mais c’est inexact: comparé au 19e siècle, le taux de migration comme proportion de la population totale est relativement faible. Cela suggère que la perception de la migration ait changé, d’un élément qui contribuait à la construction de la nation (au 19e siècle) à quelque chose que la menace (aujourd’hui).

  • L’espace social était assez complexe avant la mondialisation; aujourd’hui, il l’est davantage, car le l’espace public où traditionnellement les lignes de force agissaient et se chevauchaient est brouillé. Qu’est-ce qu’un lieu public de nos jours? Il y a un autre aspect problématique à la mondialisation: on parle incessamment des frontières poreuses (États, nations, pays, individus), comme si la migration était devenue un paroxysme global. Mais c’est inexact: comparé au 19e siècle, le taux de migration comme proportion de la population totale est relativement faible. Cela suggère que la perception de la migration ait changé, d’un élément qui contribuait à la construction de la nation (au 19e siècle) à quelque chose que la menace (aujourd’hui).



Ce n’est pas que le monde d’aujourd’hui soit plus compétitif (il l’est, sans aucun doute, grâce au néolibéralisme qui a tendance à gruger les racines communautaires des personnes), mais qu’il donne l’impression qu’il est possible pour un individu de sortir du tourbillon en maitrisant la nouvelle culture de cet espace «cosmopolite». Le cosmopolitisme donne l’impression que la personne s’orne d’une couche protectrice culturelle, en maitrisant certains signes iconiques d’un monde dominé par les déplacements de personnes, marchandises et surtout d’images. Le cosmopolitisme n’est plus signalé par la capacité de pénétrer l’étranger en toute sécurité (signe du régime colonial) mais par l’appropriation de l’étranger « chez-nous ».

  • Ce n’est pas que le monde d’aujourd’hui soit plus compétitif (il l’est, sans aucun doute, grâce au néolibéralisme qui a tendance à gruger les racines communautaires des personnes), mais qu’il donne l’impression qu’il est possible pour un individu de sortir du tourbillon en maitrisant la nouvelle culture de cet espace «cosmopolite». Le cosmopolitisme donne l’impression que la personne s’orne d’une couche protectrice culturelle, en maitrisant certains signes iconiques d’un monde dominé par les déplacements de personnes, marchandises et surtout d’images. Le cosmopolitisme n’est plus signalé par la capacité de pénétrer l’étranger en toute sécurité (signe du régime colonial) mais par l’appropriation de l’étranger « chez-nous ».



Parmi d’autres techniques de gouvernance, les États projettent leur pouvoir pour transformer l’espace public en symbole de la communauté politique. Quand un gouvernement établit des normes de l’utilisation de l’espace censées être «rationnelles», il autorise et impose une vision de causalité sur ses citoyens. Inconsciemment et involontairement, le contrôle de l’espace selon un modèle d’une utilisation rationnelle du temps établit le pouvoir culturel de l’État. Par exemple, une personne qui calcule le «meilleur» parcours pour arriver au travail tente (normalement) de minimiser le temps du trajet, non le nombre d’arbres qu’il doit voir en chemin. Quand les individus contrôlent leurs déplacements selon le modèle «rationnel» de l’État, ils se sensibilisent aux lignes de force de l’espace public et donc adaptent également les rythmes intimes de leurs corps (dormir, manger, etc.) à cette rationalité. L’espace public de l’État (et sa métaphore du «corps social») devient l’espace intime du corps. Plus importante, cette définition spatiotemporelle de la rationalité devient le standard qui définit l’ensemble de la causalité, qui permet même une comptabilité de l’intimité («je te quitte parce que tu n’es pas prêt à investir dans notre couple», ou ses variantes).

  • Parmi d’autres techniques de gouvernance, les États projettent leur pouvoir pour transformer l’espace public en symbole de la communauté politique. Quand un gouvernement établit des normes de l’utilisation de l’espace censées être «rationnelles», il autorise et impose une vision de causalité sur ses citoyens. Inconsciemment et involontairement, le contrôle de l’espace selon un modèle d’une utilisation rationnelle du temps établit le pouvoir culturel de l’État. Par exemple, une personne qui calcule le «meilleur» parcours pour arriver au travail tente (normalement) de minimiser le temps du trajet, non le nombre d’arbres qu’il doit voir en chemin. Quand les individus contrôlent leurs déplacements selon le modèle «rationnel» de l’État, ils se sensibilisent aux lignes de force de l’espace public et donc adaptent également les rythmes intimes de leurs corps (dormir, manger, etc.) à cette rationalité. L’espace public de l’État (et sa métaphore du «corps social») devient l’espace intime du corps. Plus importante, cette définition spatiotemporelle de la rationalité devient le standard qui définit l’ensemble de la causalité, qui permet même une comptabilité de l’intimité («je te quitte parce que tu n’es pas prêt à investir dans notre couple», ou ses variantes).



1a) établir des usages prescrits de l’espace («zoning»); ceci oblige les personnes à faire une navette liant les zones résidentielles, de travail, et de loisir;

  • 1a) établir des usages prescrits de l’espace («zoning»); ceci oblige les personnes à faire une navette liant les zones résidentielles, de travail, et de loisir;

  • 1b) le zonage des magasins alimentaires établit le temps nécessaire pour les emplettes;

  • 2a) établir, initialement en collaboration avec les propriétaires d’usines et, aujourd’hui, règlementer la «tradition» qui fixe les horaires de travail et des écoles;

  • 2b) ceci va déterminer les horaires de l’intimité – quand manger ensemble, etc.;

  • 3) établir le nombre de jours ou même les périodes de vacances (ce qui oblige les personnes à prendre des décisions de «rester à la maison» ou de voyager); 4) standardiser les unités utilisées pour établir le temps; les fuseaux horaires standards ont émergé uniquement au 19e siècle; ceci en partie contribue à définir les frontières du «Nous» en sabotant les temps «locaux»

  • 5) au 19e siècle, définir des standards d’hygiène qui obligeaient les personnes à établir certaines habitudes règlementées selon un horaire (se laver, s’habiller, etc.);





La ritualisation du corps et de son symbolisme est une façon d’affirmer le Soi aux dépens du pouvoir projeté sur le lieu: les «vêtements de travail» sont auto-identifiants, mais l’habillement formel est valide pour tous les lieux et donc isole la personne de son environnement: le pouvoir du lieu est toujours local, mais l’habillement formel est, en contraste, polyvalent, car il se base sur un modèle universel et donc simplifié de l’espace social. Les vêtements formels permettent aux personnes de s’isoler des lignes de force qui parsèment les lieux publics. La culture populaire n’a pas compris: l’individualité se protège en la camouflant, pas en la proclamant.

  • La ritualisation du corps et de son symbolisme est une façon d’affirmer le Soi aux dépens du pouvoir projeté sur le lieu: les «vêtements de travail» sont auto-identifiants, mais l’habillement formel est valide pour tous les lieux et donc isole la personne de son environnement: le pouvoir du lieu est toujours local, mais l’habillement formel est, en contraste, polyvalent, car il se base sur un modèle universel et donc simplifié de l’espace social. Les vêtements formels permettent aux personnes de s’isoler des lignes de force qui parsèment les lieux publics. La culture populaire n’a pas compris: l’individualité se protège en la camouflant, pas en la proclamant.



Les données ne sont pas sans équivoques, mais elles suggèrent néanmoins une augmentation des dépenses pour les vêtements: (1) montre les dépenses pour des femmes américaines urbaines de tous âges pour la période 1997-2007; (2) les dépenses de femmes américaines avec doctorat ou autre diplôme professionnel pour la même période. Source: Bureau of Labor Statistics, United States Department of Labor; http://data.bls.gov/cgi-bin/dsrv, consulté le 28-10-2009.

  • Les données ne sont pas sans équivoques, mais elles suggèrent néanmoins une augmentation des dépenses pour les vêtements: (1) montre les dépenses pour des femmes américaines urbaines de tous âges pour la période 1997-2007; (2) les dépenses de femmes américaines avec doctorat ou autre diplôme professionnel pour la même période. Source: Bureau of Labor Statistics, United States Department of Labor; http://data.bls.gov/cgi-bin/dsrv, consulté le 28-10-2009.







Selon cette position, non seulement les dépenses, mais la fréquence avec laquelle les personnes adoptent de nouvelles modes est signe de cette lutte entre l’individu et le pouvoir. Par exemple, le cout de chaque item individuel peut baisser à fur et à mesure que les marchands importent des vêtements fabriqués en Chine ou en Inde (à bas prix), mais le nombre d’items consommer peut augmenter si le rythme de la mode accélère, avec des changements tous les 5 ou 6 mois. Autrement dit, les personnes sacrifient la qualité pour la quantité. Il serait intéressant de constater la quantité de vieux vêtements dans les garde-robes (selon ce scénario, on ne peut mesurer la quantité donnée aux charités traditionnelles, car ces vêtements de qualité inférieure sont probablement jetés et non recyclés). Il est également possible que les personnes achètent davantage aux friperies, augmentant toujours la quantité aux dépens de la qualité (ou de la durée de vie de chaque item). Le gout contemporain pour le rétro est peut-être émergé de cette tendance (alimentée par les conditions économiques désastreuses d’aujourd’hui).

  • Selon cette position, non seulement les dépenses, mais la fréquence avec laquelle les personnes adoptent de nouvelles modes est signe de cette lutte entre l’individu et le pouvoir. Par exemple, le cout de chaque item individuel peut baisser à fur et à mesure que les marchands importent des vêtements fabriqués en Chine ou en Inde (à bas prix), mais le nombre d’items consommer peut augmenter si le rythme de la mode accélère, avec des changements tous les 5 ou 6 mois. Autrement dit, les personnes sacrifient la qualité pour la quantité. Il serait intéressant de constater la quantité de vieux vêtements dans les garde-robes (selon ce scénario, on ne peut mesurer la quantité donnée aux charités traditionnelles, car ces vêtements de qualité inférieure sont probablement jetés et non recyclés). Il est également possible que les personnes achètent davantage aux friperies, augmentant toujours la quantité aux dépens de la qualité (ou de la durée de vie de chaque item). Le gout contemporain pour le rétro est peut-être émergé de cette tendance (alimentée par les conditions économiques désastreuses d’aujourd’hui).

  • Comme vous pouvez constater, il y a de multiples possibilités et plusieurs pistes de recherche.



«The growth of the suburbs was facilitated by the automobile and an expanded road network after the 1958 Interstate Highway Act. The space occupied by American homes began to increase as the population density pressure eased further out from city centers. A typical home built in 1900 had between 700 and 1,200 square feet of living space. Compare that with 1,000 square feet for a home built in 1950 and 2,265 square feet in the average home built in 2000. American closets have kept up with the growth in the home. Many floor plans now include not one but two walk-in closets.  The increase in American wealth has led to more and more elaborate closet designs. In 2006, Business Week estimated that the market for custom closet design and do-it-yourself closet retail represents a $2 billion industry that grew 25% a year between 2000 and 2005. The American closet has come into its own as an accepted and indispensable part of our homes.»

  • «The growth of the suburbs was facilitated by the automobile and an expanded road network after the 1958 Interstate Highway Act. The space occupied by American homes began to increase as the population density pressure eased further out from city centers. A typical home built in 1900 had between 700 and 1,200 square feet of living space. Compare that with 1,000 square feet for a home built in 1950 and 2,265 square feet in the average home built in 2000. American closets have kept up with the growth in the home. Many floor plans now include not one but two walk-in closets.  The increase in American wealth has led to more and more elaborate closet designs. In 2006, Business Week estimated that the market for custom closet design and do-it-yourself closet retail represents a $2 billion industry that grew 25% a year between 2000 and 2005. The American closet has come into its own as an accepted and indispensable part of our homes.»





En tant que telle, l’importance du centre d’achat est son caractère de non-lieu (dans le sens proposé par Marc Augé, (Non-Lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, 1992; c-à-d., pas attaché à un système local de significations). Il fait partie, dans un sens, du système mondial, car il est gavé de marchandise provenant de partout dans le monde, et c’est précisément cette qualité d’amener et de présenter «l’ailleurs» (qui autrement représente la cause des instabilités économiques locales quand, par exemple, les entreprises transfèrent la partie manufacture en Chine ou en Corée) qui l’évacue de ses significations locales – le centre d’achat n’est plus dans la même dimension mercantile du bistro local, du dépanneur du coin, de «mon» boucher. De plus, ces lieux ne sont pas des endroits pour flâner, car ils sont trop surchargés de significations positives et négatives: c’est le lieu rempli d’objets qui incarnent la menace à la stabilité d’emplois causée par le système international de production; c’est aussi le lieu qui incarne avant tout le choix, et donc le lieu où les personnes peuvent créer le simulacre du pouvoir individuel.

  • En tant que telle, l’importance du centre d’achat est son caractère de non-lieu (dans le sens proposé par Marc Augé, (Non-Lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, 1992; c-à-d., pas attaché à un système local de significations). Il fait partie, dans un sens, du système mondial, car il est gavé de marchandise provenant de partout dans le monde, et c’est précisément cette qualité d’amener et de présenter «l’ailleurs» (qui autrement représente la cause des instabilités économiques locales quand, par exemple, les entreprises transfèrent la partie manufacture en Chine ou en Corée) qui l’évacue de ses significations locales – le centre d’achat n’est plus dans la même dimension mercantile du bistro local, du dépanneur du coin, de «mon» boucher. De plus, ces lieux ne sont pas des endroits pour flâner, car ils sont trop surchargés de significations positives et négatives: c’est le lieu rempli d’objets qui incarnent la menace à la stabilité d’emplois causée par le système international de production; c’est aussi le lieu qui incarne avant tout le choix, et donc le lieu où les personnes peuvent créer le simulacre du pouvoir individuel.



Le monde est-il profondément transformé par le capitalisme postmoderne? Sommes-nous devenus des esclaves du consumérisme? Est-ce que la force motrice censé définir le Soi social s’est déplacée du rapport au système de production, vers la consommation? D’innombrables arguments existent sur ce sujet, mais il est important à souligner, comme le font Falk et Campbell (The Shopping Experience, Sage, London, 1997) qu’il n’est pas nécessaire que les personnes achètent des marchandises ou des objets culturels (ou même qu’elles les consomment sans nécessairement les acheter) pour que la vie soit dominée par le consumérisme. L’identité (ou au moins une partie importante) peut se construire dans des lieux d’achat. Autrement dit, les personnes peuvent

  • Le monde est-il profondément transformé par le capitalisme postmoderne? Sommes-nous devenus des esclaves du consumérisme? Est-ce que la force motrice censé définir le Soi social s’est déplacée du rapport au système de production, vers la consommation? D’innombrables arguments existent sur ce sujet, mais il est important à souligner, comme le font Falk et Campbell (The Shopping Experience, Sage, London, 1997) qu’il n’est pas nécessaire que les personnes achètent des marchandises ou des objets culturels (ou même qu’elles les consomment sans nécessairement les acheter) pour que la vie soit dominée par le consumérisme. L’identité (ou au moins une partie importante) peut se construire dans des lieux d’achat. Autrement dit, les personnes peuvent



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