Cours d’introduction à l’analyse économique Pascal da Costa
La demande de monnaie dans une économie keynésienne simplifiée
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La demande de monnaie dans une économie keynésienne simplifiée
La monnaie est un étalon de mesure de la valeur des biens et services et joue deux rôles distincts majeurs dans une économie : — C’est un moyen de paiement lors des échanges économiques. Il y a donc une demande de monnaie « liquide » pour effectuer ces échanges. Plus le niveau des échanges est élevé et plus les « besoins » en liquidité sont grands : la demande de monnaie s’accroît. Cette demande de monnaie correspond à une demande pour motif de transactions (économiques). Elle dépend du niveau de l’activité économique. — C’est un support de l’épargne, un actif particulier, appelé actif monétaire, qui permet de transférer du pouvoir d’achat du présent vers le futur ; en l’absence de tensions inflationnistes, il est sans risque mais a un rendement nul. Afin de réa- liser des projets futurs ou de garder constante la valeur de son stock d’épargne, la demande de monnaie peut varier en fonction du rendement de la monnaie (re- lativement aux autres actifs financiers). Cette demande de monnaie est qualifiée de demande de monnaie pour motif de spéculation et dépend donc du rendement relatif de la monnaie. Ainsi, détenir de la monnaie correspond à refuser de détenir des actifs financiers. L’objet de la spéculation Le but de tout spéculateur est de réaliser des plus-values en capital, d’acheter bon marché des actifs réels (immobiliers par exemple) ou financiers et de les revendre quand leur prix a augmenté ; si le prix de ces actifs est jugé élevé et que l’on prévoit une baisse, on cesse d’acheter et on vend : on préfère la monnaie. Quand on fait l’inverse, c’est que l’on préfère les actifs non monétaires : la spéculation consiste donc à un arbitrage incessant entre monnaie d’une part, actifs non monétaires d’autre part. La spéculation peut évidemment porter sur des immeubles, sur des terrains, sur des appartements, sur des matières premières, sur des titres cotés en bourse, des actions (dont les propriétaires, les actionnaires, reçoivent des dividendes, variables avec les bénéfices encaissés par les entreprises) ou des obligations (titres à revenus fixes, les propriétaires reçoivent un intérêt, déterminé au moment de l’émission). Arbitrage entre obligations et monnaie : le rôle du taux d’intérêt Dans la représentation keynésienne de l’économie, il existe seulement deux supports de réserve de valeurs : les actifs monétaires et les actifs financiers (actions, obligations, créances, etc.). L’analyse keynésienne privilégie les obligations car ces actifs permettent d’obtenir une relation simple entre le prix de ces titres et le taux d’intérêt : le prix du titre obligataire est décroissant du taux d’intérêt. En effet, dans une obligation à taux fixe, le coupon C (c.-à-d. l’annuité ou les intérêts annuels) est un pourcentage fixe r de la valeur faciale du titre P F (valeur d’émission). Le prix d’un titre obligataire P B à une date t est alors déterminé par la valeur actualisée de tous les versements que l’on peut attendre de ce titre : P B = T X k=1 C (1 + i) k + P F (1 + i) T 57 avec C = rP F , i le taux d’intérêt du marché et T l’échéance ou la date de revente du titre obligataire. Le taux d’actualisation est i, il traduit un coût d’opportunité (fictif) à ne pas avoir placé l’épargne au taux d’intérêt du marché. Ainsi, si le taux d’intérêt s’accroît, le prix du titre baisse : la demande de titres augmente (mécaniquement, la demande de monnaie baisse). Afin de réaliser une plus-value, on revend le titre quand son prix augmente, c’est-à-dire quand le taux d’intérêt diminue (puisque r et P F sont constants). Dans ce cas, la demande de monnaie est en hausse. A partir des années soixante-dix, l’économiste Friedman, leader des monétaristes, s’oppose fortement aux conclusions de Keynes. Pour Friedman, la demande de monnaie est grandement déterminée par le revenu permanent (et dans une plus grande mesure que le taux d’intérêt et le taux d’inflation) : le revenu permanent est la somme des revenus attendus du patrimoine humain et du patrimoine matériel ( « professions, formation et aptitudes » pour le patrimoine humain, contre « actifs financiers et immobiliers, etc. » pour le patrimoine matériel) sur toute la durée de vie de l’agent. Comme le revenu permanent est moins sensible aux fluctuations à court terme et qu’il est le déterminant essentiel de la demande de monnaie, la demande de monnaie est alors considérée comme stable. Au contraire, chez Keynes, c’était le revenu courant qui comptait. Si la masse monétaire augmente, avec la vision monétariste, les agents vont modifier la structure de leur portefeuille en utilisant l’excès de monnaie pour acheter des titres et des biens, ce qui fait augmenter les prix : l’accroissement de la masse monétaire entraîne donc une hausse des prix sans aucun effet sur la sphère réelle ! Les conclusions sont ici identiques aux préceptes classiques et néoclassiques : la masse monétaire doit évoluer de manière stable car elle provoque de l’inflation et est sans effet sur l’économie réelle. Face à ces théories qui s’opposent fortement, quel peut être le rôle choisi par la banque centrale ? Download 1.3 Mb. Do'stlaringiz bilan baham: |
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