Cours d’introduction à l’analyse économique Pascal da Costa
Chapitre 5 Économie internationale et
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Chapitre 5
Économie internationale et globalisation Les échanges internationaux de biens et services, ainsi que la circulation des capitaux, se sont fortement développés depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La mondia- lisation des échanges et la concurrence accrue de certains pays (Brésil, Inde, Chine par exemple) suscitent des craintes nombreuses (et depuis fort longtemps déjà), tant au niveau des inégalités entre nations qu’elles peuvent entraîner, qu’au niveau du peu de robustesse du système monétaire et financier international (Stiglitz (2007)). Cela peut entraîner des réticences fortes face à la mondialisation économique. Les flux financiers qui transitent chaque jour sur le marché des changes atteignent 1 500 milliards de dollars, soit l’équi- valent du PIB italien : la grande volatilité de ces flux inquiète car elle fragilise le système monétaire et financier international... Mais l’élément essentiel réside ailleurs. Les évolutions des taux de change ont des effets sur la compétitivité des nations et donc sur l’économie réelle. Depuis 2008, le dollar a baissé par rapport au yen et à l’euro, mais ne s’est pas encore écroulé. Or, le double déficit (ou « déficits jumeau ») aux États- Unis, c’est-à-dire déficit commercial et déficit public, pourrait bien un jour entraîner une chute brutale du billet vert. Ces déficits jumeaux peuvent exister sans que le dollar ne dévisse, notamment parce que la Chine utilise une partie de ses excédents commerciaux pour financer la dette américaine, ce qui soutient la monnaie et la croissance américaine, et ainsi les exportations chinoises en retour ! Ce mécanisme d’intérêt mutuel pourrait être remis en cause notamment si les États-Unis rentraient dans une longue récession : la chute du dollar qui pourrait en résulter entraînerait certainement une crise mondiale majeure ! En effet, en cas de retournement de la conjoncture américaine, les importations des Etats-Unis cesseraient fortement et la croissance chinoise, fondée sur les exportations 81 vers les États-Unis, serait amoindrie également. Les plus faibles excédents commerciaux en Chine ne permettraient plus le financement du déficit public américain à travers l’achat de titres publics, ce qui conduirait à un nouveau décrochage du dollar. La chute du billet vert s’est stabilisée depuis autour de 1€ pour 1, 2$ (1,206395 dollars américain au 8 septembre 2017), après avoir atteint le record depuis la création de l’euro, d’1€ pour 1, 6$, le 22 avril 2008. Une telle baisse de la monnaie américaine n’avait pas été enregistrée depuis les années 1970 (en mai 1975, le dollar était ainsi tombé à 3,97 francs soient l’équivalent d’1€ pour 1, 65$). Par ailleurs, de nombreuses autres monnaies, dans le monde, connaissent de telles appréciations par rapport au dollar, sauf le yuan (la monnaie chinoise) qui échappe à une réévaluation brutale grâce au contrôle très étroit des autorités chinoises. Les devises des pays du Golfe sont pour la plupart indexées sur le dollar et elles échappent donc à de telles appréciations brutales. Il est clair que les excès de faiblesse du dollar et de l’économie américaine en général montrent les limites du financement des déficits jumeaux des Etats-Unis principalement par la Chine, grâce à ses réserves 1 . La mondialisation que l’on connaît depuis quelques décennies, et qui s’accélère tou- jours, n’est cependant pas un phénomène nouveau. Il s’agit même de la seconde vague de mondialisation après l’essor des flux commerciaux du milieu du xix e siècle, qui a eu lieu grâce à la diminution des coûts de transport avec le développement du chemin de fer et des transports maritimes. Ainsi, jusqu’à la première guerre mondiale, le commerce mon- dial a été multiplié par 12 ! Deux guerres mondiales et la crise des années 1930 ont donc stoppé la mondialisation qui avait alors cours. La seconde vague est un peu différente, notamment par la nature des biens échangés et par les protagonistes. Lors de la première vague, les pays riches localisés au nord exportaient des biens manufacturés et importaient des biens agricoles et des matières premières des pays du sud. Aujourd’hui, la plus grande partie du commerce mondial est désormais constituée de commerce intra-industriel entre pays du nord. Pour ce cinquième chapitre, il conviendra de distinguer les théories du commerce in- ternational qui étudient les flux réels de biens et de services d’une part, des théories de la finance internationale qui analyse les flux financiers d’autre part. Ces théories nous 1. La tentation est donc grande de donner à d’autres devises que le dollar, en particulier l’euro ou le yuan à plus long terme, un rôle accru dans les échanges internationaux. Cependant, ce n’est pas si facile de passer d’une monnaie de référence à une autre, tant cette notion s’appuie à la fois sur la puissance économique, financière et politique. Ainsi, le dollar était présent dans 84 % des opérations de change dans le monde en 2016, contre 35 % pour l’euro, 4 % pour le yuan. La monnaie américaine reste donc la monnaie la plus échangée, mais sa part baisse de façon continue mais lentement. Celle de l’euro reste stable. Par contre la livre sterling, le Franc Suisse, le dollar australien et les monnaies des pays émergents voient leur part augmenter. 82 permettrons de mieux comprendre les enjeux des négociations actuelles au sein de l’Or- ganisation Mondiale du Commerce (OMC), mais également les effets de la mondialisation sur les inégalités qu’elle vient réduire ou empirer, selon que les pays profitent de celle-ci ou non. Sur la période des cent dernières années, on remarque que des pays industrialisés, en Asie du Sud-Est par exemple, ont réussi un véritable rattrapage économique grâce au commerce international ; alors que les pays de l’Afrique subsaharienne voient leur déve- loppement totalement bloqué bien qu’ils exportent matières premières et biens agricoles. Les inégalités semblent donc s’accentuer entre pays, entre zones, mais c’est également le cas à l’intérieur des pays industrialisés où deux catégories de population se distinguent : les individus qualifiés qui profitent de la mondialisation et les individus moins qualifiés qui subissent la concurrence des pays en développement dans des secteurs intensifs en main d’oeuvre. L’étude de la finance internationale nous permettra ensuite d’affiner les méca- nismes économiques que nous avons rencontrés dans le troisième chapitre du polycopié sur le financement de l’économie, grâce à la prise en compte de l’ouverture des économies. Par exemple, dans le cas de la France, le taux d’intermédiation au sens étroit, c’est-à-dire les crédits distribués par les institutions financières résidentes dans l’enveloppe globale des financements accordés aux agents résidents, est passé de 70 % en 1978 pour s’éta- blir à un peu plus de 40 % depuis 2004 (stable depuis). C’est typiquement ce genre de phénomènes que nous pourrons expliquer ici. Nous étudierons également les réformes qui ont lieu actuellement au niveau des appareils de régulation (comme au Fonds Monétaire International), de la finance mondiale et de ses effets sur les économies réelles. Download 1.3 Mb. Do'stlaringiz bilan baham: |
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