Vous proposez que la BCE annule les dettes publiques qu’elle détient. N’est-
on pas déjà dans une monétisation massive de la dette publique pour per-
mettre aux États de s’endetter presque gratuitement ?
Les programmes de rachat de titres par la BCE ne délivrent aucun pays du joug de la
dette. Cela bénéficie surtout aux banques privées : elles achètent la dette publique au
moment de son adjudication par les États en sachant qu’elles vont immédiatement la
revendre à Francfort. Elles ne prennent donc aucun risque. Au passage, elles prélèvent
pourtant une petite marge. Quant aux États, ils continuent de s’endetter. . . Je parle
d’annuler purement et simplement leurs stocks de dettes qui sont déjà dans les comptes
de la BCE. Pour la France, cela revient à récupérer 400 milliards d’euros, ce qui nous
libérerait pour longtemps de l’obsession austéritaire.
Vous croyez à l’argent magique ! On ne peut pas massivement créer de l’ar-
gent comme ça, si ? Cela risque de créer une inflation massive. . .
N’importe quel banquier sait que « l’argent magique », nous en créons tous les jours !
Quand les banques privées accordent un crédit, elles créent de l’argent. C’est leur fonc-
tion. Et, lorsque quelqu’un rembourse un emprunt, il détruit de la monnaie (sans le
savoir). La Banque centrale ne fait que créer de la monnaie banque centrale, la base
monétaire, qui ne sort jamais du marché interbancaire. Vous et moi n’avons jamais vu
la couleur de cet argent. Cette monnaie banque centrale ne peut pas produire d’inflation
puisqu’elle ne circule pas dans l’économie réelle. Ce qui peut être inflationniste, c’est la
monnaie créée tous les jours par les banques privées. Si cet argent est injecté au mauvais
endroit, il crée des bulles, comme cela s’est passé avant 2008 avec les bulles immobilières
en Irlande ou en Andalousie. Cela se reproduit avec l’énorme bulle financière aujourd’hui
et la bulle immobilière dans nos métropoles. En annulant les dettes publiques détenues
par la BCE, on ne créerait pas un centime : on empêcherait que cette monnaie déjà
en circulation ne soit détruite par le remboursement des dettes. Enfin, nous sommes,
depuis 2010, dans une situation de quasi-déflation qui va encore s’aggraver avec la dé-
pression économique des années qui viennent à cause du confinement. Il n’y a aucun
risque d’inflation pour les prochaines années, sauf rupture d’approvisionnement de biens
essentiels.
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