Cours d’introduction à l’analyse économique Pascal da Costa


parvienne pas à faire face à la crise sanitaire aussi bien que d’autres pays


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parvienne pas à faire face à la crise sanitaire aussi bien que d’autres pays,
comme l’Allemagne ?
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En Allemagne, une importante partie du système de soins est réalisée par un secteur
privé à but non lucratif, pour lequel l’État donne les grandes orientations et qui n’est
pas comptabilisé dans le secteur public. On ne peut donc pas opposer un « secteur
privé » efficace en Allemagne à un secteur « public » inefficace en France, où les deux
tiers de la dépense publique en matière de santé vont vers le secteur privé. Qui plus
est, selon l’OCDE, la contribution des dépenses de santé allemandes au PIB s’élève à
5,2% environ, elle est stable (en légère hausse) depuis quarante ans. Il en va de même
en France, où elle avoisine les 6%. . . Ce serait bien que l’on cesse de faire circuler des
chiffres bidon à ce sujet. Privé comme public, le système sanitaire français n’avait pas
les moyens de remplir sa mission.
Quelles vulnérabilités de notre système économique cette crise révèle-t-elle ?
Les difficultés d’approvisionnement de matériel médical et de médicaments illustrent
notre très forte dépendance à des chaînes de valeur internationales construites depuis
des années à flux tendu pour maximiser le profit à court terme. Cela rend l’ensemble
de nos économies très vulnérables à l’interruption de ces chaînes et révèle la nécessité
de relocaliser au moins une partie de ce qui nous fait vivre de manière à être en mesure
d’absorber des chocs comme cette pandémie, et il y en aura d’autres. Reconduire le
monde ancien, ce serait insulter notre jeunesse et l’avenir de la France.
Comment faire pour relocaliser ? Ne va-t-on pas revenir à la situation d’avant
une fois la crise passée ?
Tout est affaire de choix. Le nombre de morts, finalement, sera bien inférieur aux cen-
taines de milliers initialement envisagés par certains épidémiologistes en cas d’inaction :
entre 30 000 et 40 000 ? Même si chaque décès est une mort de trop, cela risque de
donner l’impression qu’après tout la crise sanitaire n’était pas si grave. Le nombre de
chômeurs supplémentaires, lui, sera considérable : au moins 1 million. Le risque sera
alors de revenir au business as usual pour recréer des emplois très vite. Ce serait une
erreur et une faute. Il faut amorcer la reconstruction écologique de notre pays, qui créera
davantage d’emplois que notre économie thermo-industrielle du monde d’hier. Prenons
un exemple : l’agroécologie. Pour que l’ensemble de l’agriculture européenne devienne
écologique, il faut au moins 1 million de personnes supplémentaires dans les champs. Or
ce sont des emplois qui requièrent des qualifications. Le véritable obstacle à la création
d’emplois via la reconstruction écologique, c’est la formation professionnelle. Il faut que
l’État s’engage, comme employeur en dernier ressort, à créer des filières d’apprentissage
dont nous avons besoin pour que les Français dont les métiers sont appelés à disparaître
puissent se réorienter vers les métiers de l’avenir. Autre exemple, la rénovation thermique
des bâtiments. C’est un chantier extrêmement créateur d’emplois qui va revitaliser tous
nos centres-villes en déshérence, réduire notre dépendance au pétrole, améliorer notre
balance commerciale, etc. Nous manquons actuellement d’ouvriers qualifiés pour le me-
ner à l’échelle nationale. Lançons donc la rénovation à l’échelle d’une ou deux régions,
créons les filières d’apprentissage, étendons le programme à toute la France dans deux
ans.
Selon un récent article de Nature, l’inaction climatique va nous coûter l’équivalent de
la crise du coronavirus tous les ans. Avec cette crise, le ratio dette publique sur PIB va
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bondir à au moins 115%. Cela peut se résoudre par l’annulation des dettes publiques
détenues par la Banque centrale européenne (BCE), ce qui nous rendrait libres d’engager
des dépenses massives pour sauver notre économie.
L’austérité budgétaire, qui, comme la Grèce l’a montré, ne permet pas de réduire le ratio
dépenses sur PIB, est pire que le mal. Il faut lancer de grands travaux, à la manière de
Roosevelt dans les années 1930, mais écologiques. (...)

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