Cours d’introduction à l’analyse économique Pascal da Costa
Vers l’économie de marché de capitaux
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- 3.1.3 La globalisation financière et ses risques
3.1.2 Vers l’économie de marché de capitaux
Les années quatre-vingt-dix ont été décisives pour la France comme pour de nombreux autres pays européens. Les transactions sur les actions et les obligations ont ainsi été multipliées respectivement par 10 et par 30 ! On a donc vu, dans le même temps, les dépôts des ménages et des entreprises dans les banques diminuer fortement, car ces agents économiques souhaitaient avoir recours au marché des capitaux directement. Or ce sont seulement les entreprises les plus solides qui se financent directement sur le marché, ce qui a pour conséquence de ne laisser aux banques que les entreprises ayant le risque d’insolvabilité le plus grand. Les banques deviennent-elles pour autant moins rentables ? En fait, les banques vont devenir aussi les intermédiaires entre l’épargne et les de- mandeurs de capitaux sur les marchés financiers, grâce aux OPCVM (organismes de placements collectifs de valeurs mobilières) dont elles détiennent 80 %. La demande de capitaux fait l’objet du phénomène de désintermédiation (c.-à-d. les grandes entreprises et l’État s’adressent directement à l’épargne sur les marchés des capitaux) alors que l’épargne est elle largement intermédiée par les banques (il faut dire que les banques possèdent les informations pertinentes sur les épargnants, on dit qu’elles ont une rente d’information – question de l’asymétrie d’information vue dans le chapitre 2). 3.1.3 La globalisation financière et ses risques Les mouvements de capitaux entre pays, d’un continent à l’autre, participent à la diffusion des fluctuations des cours, et parfois des crises (comme nous montre l’actualité récente). La globalisation financière se définit généralement à travers trois phénomènes concomitants, qui sont intervenus à partir des années quatre-vingt : — la déréglementation qui a autorisé les mouvements de capitaux entre pays ; 53 — la désintermédiation qui entraîne un nombre de participants plus élevés sur les marchés de capitaux ; — le décloisonnement des marchés de capitaux qui permet que toutes les formes d’épargne rencontrent tous les besoins de financement dorénavant à l’échelle de la planète (le décloisonnement des marchés de capitaux revient à ne plus faire de séparation entre les marchés à court terme et les marchés à long terme). L’intérêt économique d’un marché mondial des capitaux est théoriquement évident : les pays qui ont une épargne excédentaire vont pouvoir contribuer au financement des pays qui ont structurellement un besoin de financement. Il permet même d’équilibrer la balance des paiements de certains pays : ainsi le déficit de la balance des transactions courantes américaines (dû aux importations en provenance de Chine par exemple) est comblé par une entrée de capitaux (notamment chinois : ainsi, l’ excédent de ses paiements courants, c’est-à-dire exportations moins importations de biens et services plus transferts unilatéraux, a atteint en 2007 le niveau record d’environ 14 % de son PIB, contre 8 en 2016) qui vient investir dans des titres publics américains. Ce mécanisme est bon pour la croissance mondiale puisque la consommation américaine et la croissance chinoise sont stimulées fortement. Le marché mondial des capitaux rend également possible des opérations de fusions entre entreprises de nationalités différentes. Par exemple, l’arrivée de fonds étrangers dans le capital des entreprises françaises a entraîné une transformation profonde des relations entre actionnaires et dirigeants des entreprises ; il s’agit clairement de la mise en place d’une gouvernance nouvelle qui n’est pas toujours favorable à l’emploi. Ce phénomène est simple à expliquer : les nouveaux actionnaires exigent une transparence plus forte dans la gestion des entreprises, mais également des taux de rendement à court terme très élevés auxquels les dirigeants doivent se soumettre. L’obligation de réduction des charges salariales notamment aboutit le plus souvent à des licenciements. Mais l’effet est également négatif du côté des investissements à long terme des entreprises et de leurs stratégies pour le futur : la focalisation sur le court terme des nouveaux actionnaires et leur exigence de rendements gigantesques expliquent cela (le fait que la Bear Stearns Companies affichait un retour pour ses actionnaires près de quatre fois supérieur à la moyenne du secteur, en 2006, fait aussi penser que des prises de risque très importantes ont eu lieu et peuvent occasionner à grande échelle des faillites comme on en a connu depuis quelques mois). Voyons maintenant les différentes fonctions de la monnaie et demandons-nous si la monnaie affecte ou non la sphère réelle de l’économie. 54 |
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