Cours d’introduction à l’analyse économique Pascal da Costa


Impact des prix de l’énergie sur l’innovation en matière d’efficacité énergétique


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Impact des prix de l’énergie sur l’innovation en matière d’efficacité énergétique
Dans son article intitulé "Induced Innovation and Energy Price" (American Economic
Review, 2002), David Popp examine l’influence des prix de l’énergie sur l’innovation
dans le domaine des technologies d’amélioration de l’efficacité énergétique.
Les questions principales qui sont traitées dans cet article sont donc les suivantes :
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— De façon générale : quels facteurs favorisent l’activité créatrice en termes d’inno-
vation ? ;
— Popp essaie d’y répondre au travers d’une question plus ciblée : quel est l’impact
de l’évolution du prix de l’énergie sur l’activité et les dépenses de R&en matière
d’efficacité énergétique ?
Pour répondre à ces questions, l’économiste a du faire un travail d’analyse économétrique
poussé :
— Avec une analyse (détaillée plus bas) des dépôts de brevet de 11 sous-secteurs
entre 1970 et 1994 ;
— En s’appuyant également sur le stock de connaissance et le concept de "positive
spillover" ou externalités de connaissances entre secteurs de R&(les efforts de
R
&d’un secteur pouvant bénéficier à la R&d’un autre) ;
— Avec la prise en compte des prix de l’énergie (bien entendu) ;
— Et avec une mesure de l’impact de ces prix sur l’innovation avec un décalage
temporel de 1 et 2 ans.
Il faut reconnaitre ici que les brevets restent une mesure imparfaite de l’innovation. Il
est aussi difficile de définir la valeur d’un brevet et certains peuvent avoir une plus forte
incidence sur le marché que d’autres. C’est pourquoi il faut les pondérer de manière à
tenir compte de leur différence de valeur (laquelle consiste ici à diminuer les émissions de
gaz à effet de serre de manière appéciable). Comment Popp s’y prend-il ? En calculant
le nombre de citations d’un brevet !
Deux résultats clés ressortent de son étude :
— Il existe un effet significatif des prix de l’énergie sur l’innovation ;
— Le stock des connaissances initiales doit bien être pris en compte pour que les
résultats soient significatifs, lequel (stock des connaissances) favorise les inno-
vations futures, comme on le sait, et, à travers un effet de réseau notamment,
bénéficie à certains secteurs de R&plus qu’à d’autres.
Pour conclure, on peut dire que l’activité créatrice d’innovation accélère lorsque 1) le
stock de connaissance est suffisamment important et permet ainsi aux inventeurs de s’ap-
puyer sur une base de connaissances communes ; 2) les conditions permettant l’existence
d’un marché de produits et de biens plus efficaces énergétiquement et moins émetteurs
de GES (voire un marché des renouvelables) sont réunies grâce au renchérissement du
prix des hydrocarbures.
Théoriquement, le fonctionnement concurrentiel du marché de permis d’émissions né-
gociables permet d’atteindre à moindre coût les objectifs de réduction des émissions et
favorise une répartition optimale des efforts de dépollution entre les sources polluantes
(techniquement : en raison de l’égalisation de leurs coûts marginaux de dépollution...
nous y reviendrons). Un marché de permis découle de la fixation d’un objectif quanti-
fié de réduction des émissions, correspondant au montant total de permis initialement
distribués aux différentes sources polluantes. La possibilité que ces dernières satisfassent
collectivement l’objectif total d’émission est assurée par les échanges de permis, résultant
d’une hétérogénéité des coûts des entreprises dans la réduction de la pollution (si les en-
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treprises sont différentes - des petites, des moyennes et des grandes - alors elles subiront
des coûts différents pour réduire leurs émissions).
Les permis négociables apparaissent préférables à la réglementation administrative
qui impose des standards d’émission rigides, parce que les échanges de permis permettent
aux firmes de choisir leur niveau de pollution en accord avec leurs propres coûts de
dépollution. Le marché de permis vérifie de cette façon les conditions d’efficience environ-
nementale (la définition de la meilleure allocation possible permettant la réalisation de
l’objectif de réduction des émissions) et d’efficacité économique (la répartition optimale
des efforts de réduction des émissions, au coût minimum). Au final, après les échanges
de permis sur le marché, on aboutit à l’égalisation des coûts marginaux de dépollution
de toutes les entreprises : les échanges stoppent lorsque le coût lié à la réduction d’une
unité supplémentaire de polluant est le même pour toutes les entreprises et s’égalise au
prix d’équilibre du marché de permis.
Ainsi, le protocole de Kyoto de 1997 a établi un objectif de réduction des émissions
pour six gaz à effet de serre (GES) via l’instauration d’un marché international de per-
mis négociables. Collectivement les pays dits de l’Annexe 1 (représentant 38 pays de
l’OCDE et pays de l’est en transition) se sont engagés à réduire en moyenne de −5.2%
leurs émissions de GES, par rapport à leur niveau de 1990, d’ici la période 2008-2012. La
répartition des objectifs entre pays est le suivant : Union Européenne (-8%), Etats-Unis
(-7%), Canada (-6%), Japon (-6%), Russie (0%), Ukraine (0%), Nouvelle-Zélande (+1%),
Australie (+8%) (les objectifs sont différents entre pays afin de prendre en compte les
différences de coût de réduction des émissions de GES. Ce qui compte, c’est au final l’éga-
lisation des coûts marginaux de réduction des émissions de GES entre pays, laquelle est
théoriquement permise par le système de marché international de permis négociables). La
sortie des Etats-Unis du protocole en 2000 a fortement réduit la crédibilité et compromis
la réussite de Kyoto qui s’est tout même poursuivi sans le premier émetteur mondial de
CO2 de l’époque (la Chine ayant récemment remplacé les Etats-Unis à la première place).
Dès mars 2008, l’Europe avait établi les modalités de fonctionnement de son propre
marché de permis négociables pour l’après Kyoto, alors que le protocole a pris fin en 2012.
Ne sachant encore pas si un second accord mondial crédible de réduction des GES aura
lieu (rien de très positif à l’horizon !), l’Europe s’est tout de même fixé à l’horizon 2020
une réduction record de 20% (objectif porté à 30% si un accord mondial a finalement
lieu) (objectif de réduction de 40% à l’horizon 2030) en ayant largement recours à un
marché de permis, pour lequel elle distribuera donc encore moins de quotas que ce qu’elle
avait fait dans le cadre de Kyoto. L’Europe veut montrer, malgré les difficultés liées à
la sortie puis au retour récent des Etats-Unis (administrations Trump puis Biden) dans
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l’accord sur le climat de Paris signé en décembre 2015 (COP21), qu’elle est leader dans
ce domaine, d’un point de vue politique comme économique, avec le pari de fournir au
reste du monde des technologies vertes de pointe.

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