Géographie du canton d’Héricourt
VI- Sylviculture – Chasse
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- VII- Etat de la propriété
- VIII- Progrès réalisés et réalisables
- Canton d’Héricourt. Géographie historique.
- Célébrités locales : ROCHET Charles-François-Xavier
VI- Sylviculture – Chasse : Les forêts couvrant une superficie de 4 146 ha 54 a 34 ca, sont en majeure partie, les 3/4 environ, la propriété des communes, et sont, pour quelques-unes de celles-ci (Etobon, Belverne, Saulnot, Champey, Chenebier), une source de revenus assez importante.
Les principaux lots appartenant à des particuliers sont appelés : les Bois Devaux [sic ; lire : De Vaux], de la Côte aux Moines, de la Thure, du Prosey, des Gigouttes, de la Coupe Goll, de la Vacherie, de la Haute et Basse Forêt, de la Côte Vezet et une partie du Mont Vaudois.
Le bois du Chérimont qui appartient au gouvernement, est en partie sur la commune de Belverne. Toutes ces forêts sont aménagées par coupes qu’on exploite en taillis sous futaies, tous les 25 à 30 ans.
Les essences qu’on y rencontre sont celles des régions tempérées : chêne, hêtre, charme, bouleau, etc. ; il existe cependant deux forêts de sapins, une à la Thure, l’autre à la Perchelle, cette dernière appartenant à la commune de Chenebier.
Les chasses des forêts communales sont toutes louées, les unes à un seul fermier, les autres par actions. Dans certains endroits, le gibier se fait rare ; dans d’autres, il dédommage largement le chasseur, surtout dans la partie N.E.
VII- Etat de la propriété : La propriété est morcelée à l’infini, ce qui nuit considérablement à l’emploi de machines perfectionnées, cause de sérieux préjudices aux cultures limitrophes et occasionne une grande perte de temps employé à courir d’une parcelle à l’autre.
Cette propriété est restée telle que la nature l’a faite, c’est à dire sans améliorations. Point de labours de défoncement, si utiles à toutes les cultures ; les parties élevées sont généralement sous couche arable suffisante, la terre ayant descendu petit à petit dans les bas-fonds.
L’assolement par « pies » tend à disparaître ; chacun cultive à son gré sa petite parcelle, ce qui donne lieu à des froissements fréquents, et quelquefois à des réclamations en justice.
Les prairies sont aussi négligées que les terres labourées. Les irrigations sont peu et mal pratiquées, malgré les nombreux cours d’eau qui pourraient être utilisés à cet effet. Les travaux d’assainissement qui amélioreraient les parties humides des prairies, sont presque totalement négligés.
Cet abandon regrettable de la propriété est une des conséquences de l’émigration vers les villes. Le prix de location des terres va toujours en diminuant, et l’émigré préfère ne rien tirer de ses propriétés, plutôt que de dépenser un centime pour les bonifier.
VIII- Progrès réalisés et réalisables : L’agriculture progresse-t-elle ? Nous bornant à ce que nous constatons dans le canton d’Héricourt, nous dirons que cette science y a fait de grands progrès dans ces derniers temps. Assurément, la marche est hésitante et lente, mais le cultivateur doit compter avec tant de choses, l’intérêt de ses avances est si aléatoire qu’il ne faut pas lui jeter la pierre. Dans sa profession, plus que dans toute autre, la prudence est la première des vertus ; il aime mieux comme il dit « tenir que de chasser », c’est pourquoi il hésite toujours quand il lui faut engager un capital, si petit soit-il. Ainsi, en manière de progrès, le cultivateur est sceptique et méfiant, mais quand ses observations l’ont convaincu et qu’il est sûr de la réussite, il adopte résolument une machine perfectionnée ou une transformation utile.
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Voilà pourquoi, depuis une cinquantaine d’années, nous avons vu l’outillage se transformer sensiblement ; la charrue à versoir en acier a remplacé la charrue primitive à versoir en bois ; la butteuse est employée partout ; la moisson se fait d’une manière plus expéditive depuis que la faulx a été substituée à la faucille ; le battage a fait d’immenses progrès, car la machine à battre a supplanté partout le fléau ; enfin les faucheuses tendent à se vulgariser : on n’en compte pas moins de 150 aujourd’hui dans le canton.
Le cultivateur a délaissé la culture des céréales devenue peu rémunératrice, pour se livrer à l’élevage du bétail et à la production du fourrage et des plantes racines.
Les plantations fruitières, bien que trop restreintes encore, commencent à retenir l’attention de nos cultivateurs.
Ceux-ci introduisent progressivement des espèces nouvelles pour remplacer les variétés anciennes et dégénérées. Ils savent mieux qu’autrefois aussi en utiliser les produits qu’ils transforment en cidre ou en eau-de- vie. C’est ainsi que Lomont et Trémoins sont déjà renommés pour leur kirsch ; Coisevaux, Villers, Gonvillars et Chavanne, pour leur eau-de-vie de prunes.
Enfin, les cultivateurs commencent à comprendre les avantages de l’association. Trois mutuelles contre la mortalité du bétail fonctionnent déjà dans le canton et une section du syndicat agricole de la Haute-Saône a été créée à Héricourt.
Pourtant, tout n’est pas à louer dans la manière d’agir du cultivateur et on pourrait peut-être lui souhaiter encore un peu plus d’initiatives et d’esprit de solidarité, conditions essentielles de tout progrès. Il devrait :
1. Chercher à grouper ses terres autant que possible, par des échanges, afin d’en rendre l’exploitation plus facile et plus rapide ;
2. Approprier les labours aux cultures et aux saisons, et pratiquer les labours de défoncement ;
3.
Fumer ses terres davantage ;
4. Apporter plus de soins à la préparation et à l’ensemencement des champs qu’il destine à être transformés en prés ;
5. Mieux entretenir ses prairies ;
6.
Donner plus d’extension à la basse-cour.
Telles sont les réformes les plus urgentes qu’on peut demander à l’initiative de chacun, mais il y a de grands travaux, comme les irrigations et les drainages, qui ne donnent pas tout ce qu’on peut en attendre s’ils sont pratiqués isolément, et il faut que les cultivateurs sachent s’entendent pour les exécuter ensemble sur une grande échelle.
Certaines machines ne peuvent pas être économiques parce qu’elles coûtent trop cher pour le travail qu’un seul individu peut leur procurer. Pourquoi, alors, trois ou quatre cultivateurs ne se grouperaient-ils pas pour avoir des outils en commun et pratiquer ainsi les travaux de la grande culture.
Il faut que le cultivateur cesse d’être égoïste, et s’il veut arriver à des résultats sérieux, nous lui conseillons vivement de commenter cette maxime bien connue : « l’union fait la force ».
Chagey, le 22 février 1901.
L. LODS
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Arrondissement de Lure Canton d’Héricourt. Géographie historique. L’Instituteur de Saulnot : Balland P. -------------------------------------------------------------- Canton d’Héricourt. Géographie historique. Avant le XIIème siècle, presque tous les villages faisant partie du canton d’Héricourt existaient déjà. Cependant Chalonvillars, Tavey et Etobon semblent avoir une origine plus ancienne. Au VIIème siècle, Châlonvillars était le chef-lieu d’une seigneurie. L’église de Tavey était construite avant 970. Lothaire, roi de France, en donna le bénéfice à cette date aux abbés de Lure. Etobon avait son château au Xème siècle ; il en est fait mention dans les papiers de l’ancien comté de Montbéliard.
Des écrits authentiques attestent l’existence des villages suivants : Lomont en 1115, Saulnot en 1147, Trémoins en 1148, Chenebier en 1150, Champey en 1165, Héricourt en 1173 et Vyans en 1196. On a découvert des outils et des armes de pierre polie : haches, pointes de lances et flèches, grattoirs, couteaux en silex, poinçons et lissoirs en os et corne, au sommet du Mont-vaudois, près d’Héricourt. Cette collection déposée au musée de Belfort atteste que l’homme préhistorique a habité nos régions. Si les grottes de Villers et de Chenebier avaient été explorées sérieusement, peut-être y aurait-on fait des découvertes précieuses pour l’histoire locale.
Au XIIème siècle, tout le territoire dépendait de l’empire d’Allemagne et était placé sous la suzeraineté du Comte de Montbéliard qui avait des seigneurs vassaux à Brevilliers, Trémoins, Champey, Couthenans, Etobon, Lomont et Châlonvillars (Passavant). 19
Les premiers souverains de Montbéliard dont les noms commencent à poindre dans la nuit du moyen- âge étaient de la famille d’Atticon, duc d’Alsace. Louis II de cette maison, mort vers l’an 1005, fils du comte Louis I, était probablement le même personnage que Louis, comte de Dagsbourg qui fut l’aïeul maternel du pape Léon IX. Il eut pour successeurs dans le pays de Montbéliard ses fils et petits-fils, Louis III, Louis IV et Thierry Ier.
A la mort de Thierry Ier en 1102, son opulente succession passa à trois de ses fils qui en suspendirent le partage jusqu’en 1125. Thierry II, l’un d’eux, eut pour sa part le Comté de Montbéliard avec la seigneurie d’Etobon et plusieurs autres terres. Ce dernier prince mourut sans enfant mâle vers 1163. La famille d’Atticon s’éteignit ainsi.
Il laissait une fille, Agnès, qui eut pour fils Amédée, de la famille de Montfaucon. Celui-ci succéda à Thierry II sans partage dans tous ses états. Deux autres princes de cette dernière maison, Richard qui partit en croisade en 1201 et Thierry III appelé par ses contemporains le Grand Baron, héritèrent après Amédée du pays de Montbéliard et d’Etobon.
Après la mort de Thierry III qui mourut sans laisser d’héritier mâle en 1282, la souveraineté de Montbéliard passa à Renaud de Bourgogne par le mariage de ce prince avec Guillemette, petite-fille et héritière de Thierry. Il paraît certain que dans les premières années du XIVème siècle, le comte Renaud de Montbéliard acheta le fief d’Héricourt qui comprenait Chagey, Luze, Brevilliers, Echavanne, Byans, Vyans, Verlans, Mandrevillars, Coisevaux, Trémoins, Champey, Bussurel, Echenans, Aibre (Doubs), Laire (Doubs) et Tavel (Tavey) pour le réunir à son domaine. L’histoire a conservé les noms de 2 seigneurs d’Héricourt : Wallon de Oriecourt qui vivait en 1173 et Pierre d’Héricourt qui vivait en 1300.
C’est dans le château d’Héricourt que le comte Renaud fit son testament le 14 mars 1321. Par cet acte de dernière volonté, si Othenin, fils dudit comte continuait, par sa faiblesse d’esprit, à être incapable de gouverner ses terres, elles devaient être partagées entre les quatre sœurs d’Othenin. Deux d’entre elles : Jeanne de Montbéliard mariée à Ulric, comte de Ferrette, et Agnès de Montfaucon, devaient recevoir ensemble Montbéliard, Belfort, Héricourt, avec leurs territoires et appartenances.
D’après un traité provisionnel conclu à la Bretegnière (Jura) le 23 février 1326, les seigneuries d’Héricourt et de Belfort et la suzeraineté sur le Châtelot formèrent le lot de Jeanne de Montbéliard mariée en secondes noces en 1325 à Raoul Hesse, marquis de Bade. Ces seigneuries lui furent assurées par un partage définitif qui eut lieu le 3 mai 1332. Il y était stipulé que le comte de Montbéliard exercerait la co-souveraineté à Coisevaux, Trémoins, Champey, Bussurel, Echenans, Aibre et Laire de la seigneurie d’Héricourt.
A partir de 1632 [sic ; lire : 1332], Henri de Montfaucon époux d’Agnès de Montbéliard, comte de Montbéliard avait pour sa part Tavey, Saulnot, Villers, Corcelles, Gonvillars, Couthenans, Lomont, Courmont, et Châlonvillars en entier, et une partie de Bussurel, Belverne, Etobon, Champey, Coisevaux et Echenans. Mandrevillars fut contesté à Héricourt par l’abbé de Lure. Il en résulta une querelle qui dura jusqu’en 1575, époque à laquelle il fit partie intégrante de la seigneurie d’Héricourt.
Après cet acte de 1332, l’histoire cantonale se confond avec celle des deux branches qui se partagèrent le territoire.
Cependant en 1350, 1358, et 1362, Henri de Montfaucon qui n’avait qu’une moitié dans la seigneurie d’Etobon comprenant aussi Belverne, racheta l’autre moitié des trois filles de sa belle-sœur, Jeanne de Montbéliard, veuve de Raoul Hesse. Dès ce moment, la seigneurie d’Etobon appartint aux comtes de Montbéliard jusqu’en 1793.
En 1367, Henri eut pour successeur son fils Etienne qui mourut en 1397 sans laisser d’autre héritier que quatre petites-filles. C’est ainsi que s’éteignit la maison de Montfaucon, l’une des plus illustres et des plus puissantes du comté de Bourgogne. Henriette, l’une des quatre héritières, épousa le comte Eberhard de Wurtemberg et lui apporta en dot le comté de Montbéliard et les seigneuries d’Etobon, Granges, Clerval et Passavant (Châlonvillars) [il s’agit plutôt de Passavant-Saint-Hippolyte].
Les comtes, depuis ducs de Wurtemberg, dès cette époque jusqu’en 1793, ont toujours été souverains de Montbéliard.
Eberhard mourut en 1419. Henriette gouverna seule le Wurtemberg et le Montbéliard. Lorsque ses deux fils Louis et Ulric furent majeurs, elle leur remit ses états d’Allemagne et ne se réserva que ses états héréditaires. 20
Elle résida dès lors à Montbéliard et se fit beaucoup aimer de ses sujets. La tradition rapporte qu’elle se plaisait beaucoup dans le château d’Etobon et qu’elle donna en bien des occasions des preuves non équivoques de son affection aux habitants de ce lieu qui lui étaient très attachés. Elle leur accorda des franchises plus importantes qu’à ses autres sujets du pays de Montbéliard. Une fontaine d’Etobon a reçu, dit-on, le nom patois de « Comtasse » en mémoire de la comtesse Henriette qui venait avec plaisir s’y désaltérer et s’entretenir familièrement avec les habitants du village.
Henriette mourut le 15 février 1444, et la tranquillité dont le pays avait joui pendant son existence ne tarda pas à disparaître dès que ses fils lui eurent succédé.
Déjà dans la même année, une guerre s’étant élevée entre Charles VII, roi de France et les Suisses ; une garnison française occupa Etobon. Elle y demeura à peu près un an.
A la même époque, Thiébaud de Neufchâtel, maréchal de Bourgogne, possesseur de la seigneurie d’Héricourt, prit sous sa sauvegarde le château d’Etobon afin de le conserver à ses cousins les ducs de Wurtemberg. Il le leur restitua l’année suivante.
En 1474, Charles le Téméraire duc et comte de Bourgogne, ambitionnant la souveraineté de Montbéliard, se saisit par ruse de la personne du comte Henri et il ravagea les campagnes après avoir fait d’inutiles efforts pour s’emparer du château et de la ville de Montbéliard.
Charles le Téméraire conquit cependant le château, la place et toute la terre de Granges dont dépendaient Saulnot, Corcelles, Chavanne, Villers et Gonvillars. Ces villages furent ravagés ainsi que la seigneurie d’Etobon.
Le calme revint après la mort de Charles le 5 janvier 1477. En mars de la même année, sa fille Marie de Bourgogne par un traité de paix avec le comte Henri de Montbéliard lui rendit la baronnie de Granges.
En 1499, l’empereur Maximilien qui était devenu souverain de la Franche-Comté par son mariage avec Marie de Bourgogne, reconnut la neutralité du duc Eberhard de Wurtemberg, comte de Montbéliard, pendant sa guerre contre les Suisses, lui permettant de demeurer paisible en ses comtés de Montbéliard et autres lieux, nommément Etobon, Granges, Clerval et Passavant.
Une querelle éclata bientôt entre le nouveau comte de Montbéliard et duc de Wurtemberg, Ulric, et le comte de Furstemberg, seigneur d’Héricourt, Guillaume. Celui-ci s’empara des châteaux-forts d’Etobon, de Granges, du Magny d’Anigon ainsi que des villages de Belverne, Etobon, Clairegoutte et Couthenans qui furent livrés au pillage en 1519.
Guillaume vendit les terres usurpées le 15 mars 1524 à Ferdinand, archiduc d’Autriche, roi de Bohème et de Hongrie. Au mois de juin 1524, le duc Ulric de Wurtemberg les reconquit avec le secours des bourgeois de Montbéliard.
En 1526, Ulric venait d’être chassé du Wurtemberg par la ligue de Souabe ; il voulut le reconquérir et céda au prince Georges, son frère, la baronnie de Granges ainsi que le comté de Montbéliard et autres terres, moyennant une rente annuelle. En 1534, après avoir retiré toutes ces terres des mains de son frère, il revendit la baronnie de Granges à Philippe de Chabot, amiral de France, qui lui en fit rétrocession en 1535.
De 1538 à 1540, la réforme religieuse fut introduite dans le comté de Montbéliard. Les réformés furent bientôt très nombreux et le duc Ulric lui-même donna l’exemple.
La paix ne fut plus troublée jusqu’au mois de décembre 1587, mais à cette époque et en janvier 1588, l’armée des Guises, irritée contre le comte Henri de Montbéliard parce qu’il était l’ami de Henri de Bourbon, depuis Henri IV, roi de France, et qu’il fournissait des secours en argent aux protestants français, vint porter le ravage et la désolation dans toute la région. Aucune condition, aucun âge, aucun sexe ne furent épargnés. Les Guises, non contents de décimer la population par le fer et de promener leurs torches incendiaires dans les campagnes, détruisirent tout ce qui avait échappé aux flammes ou ce que leurs mains avides ne purent emporter.
« On raconte que des soldats ayant lié des habitants de Bussurel sur des herses renversées, les laissèrent ainsi pendant longtemps, de sorte que les dents leur entraient dans le corps ; qu’à d’autres, ils brûlaient les talons et les pieds ; qu’un autre, enfin, fut attaché sur une échelle couchée sous laquelle ils firent un grand feu pour le rôtir comme un morceau de mouton, au point que sa chair, se fondant, allumait le brasier. »
En 1620, par édit du comte Louis-Frédéric, les anciennes justices seigneuriales d’Etobon et de Couthenans furent supprimées et les justiciables furent réunis au ressort de la prévôté et de la cour et chancellerie de Montbéliard.
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Nous arrivons à la guerre de Trente ans, sous le règne de Léopold-Frédéric de Montbéliard. Le pays fut rançonné, pillé, dévasté tour à tour par les armées de Montecuculi, du duc Charles de Lorraine et de Gallas, généraux autrichiens, en 1633, 1635, et 1636.
Le village de Saulnot fut brûlé par les hordes ennemies. Au printemps de l’année 1635, les troupes de Charles de Lorraine commirent d’horribles excès à Belverne. La plupart des habitations devinrent la proie des flammes. Etobon, Luze, Chagey, Champey et Couthenans subirent le même sort.
La peste ravagea aussi le pays en 1635 et en 1637. Châlonvillars fut plus particulièrement éprouvé. Le cimetière fut insuffisant et il fallut établir des fosses communes un peu partout.
La famine vint en 1638 augmenter la dépopulation. Belverne n’eut plus que 11 habitants ; il en resta 21 à Etobon. Chenebier qui comprenait 25 ménages en 1633 n’en avait plus que 8 en 1638. Toutes les communes du canton furent éprouvées dans les mêmes proportions.
La paix de Westphalie, conclue en 1648, ne put que cicatriser bien lentement des plaies aussi profondes. Par un édit du 5 mars 1651, le prince Léopold-Frédéric de Montbéliard fit remise aux habitants de ses terres, des redevances seigneuriales qui n’avaient pu être payées pendant les guerres.
Pour remédier à la dépopulation, le prince Georges promit en 1662 une exemption de dîmes et de toute espèce d’impôts pendant quatre ans aux étrangers qui viendraient s’établir dans les terres de son obéissance.
De nombreuses familles suisses profitèrent de ces avantages. C’est ce qui explique la quantité de noms patronymiques allemands que l’on rencontre dans la région.
Quand Louis XIV voulut se rendre maître de la Franche-Comté, la guerre recommença. Le pays de Montbéliard fut occupé à la fin de l’an 1676 par l’armée française, sous les ordres du maréchal de Luxembourg, et fut restitué au prince de Montbéliard en 1678 par la paix de Nimègue. Il fut occupé une deuxième fois en 1680 par la France, puis restitué de nouveau, en toute souveraineté au prince Georges, en février 1698 en vertu du traité de Ryswick (30 8bre [octobre] 1697).
Le roi de France fit occuper une troisième fois en 1734 le comté de Montbéliard, mais il le rendit deux ans après au duc Charles-Alexandre de Wurtemberg. Enfin le 10 octobre 1793, la République française s’empara de toute la principauté de Montbéliard.
qui formaient le lot de Jeanne de Montbéliard, après le partage des biens du comte Renaud.
C’est sous le gouvernement de Jeanne de Montbéliard que fut établie à Héricourt la place de bailli qui subsista jusqu’en 1790. Le bailli était chargé tout à la fois de la haute administration et de la justice dans les terres d’Héricourt.
En suite d’un acte passé à Altkirch le 26 août 1347, Jeanne de Montbéliard, mariée en troisièmes noces à Guillaume, comte de Catzenelnbogen, laissa la seigneurie d’Héricourt à sa fille Marguerite de Bade qui avait épousé Frédéric, marquis de Bade, son cousin. Cette dernière en prit le titre et elle y fit sa résidence ordinaire. Elle affranchit de la mainmorte, moyennant 250 livres bâloises, les habitants de la ville et de toute la seigneurie, par une charte du 15 mars 1361, et leur accorda différents privilèges.
D’après le testament de Marguerite de Bade, en date du 9 septembre 1366, la seigneurie d’Héricourt passa à sa fille de même nom, mariée à Geoffroy, comte de Linange. Trois ans après, elle tomba par droit de conquête, aux mains d’Albert et Léopold, ducs d’Autriche, qui s’étaient emparés de vive force de la place d’Héricourt.
Ces princes, pleins d’affection pour les habitants du chef-lieu de la terre dont il s’agit, les affranchirent par une charte du 13 février 1374 de toutes tailles, servitudes et corvées, moyennant le paiement annuel de 12 deniers par toise de leurs maisons, et ils leur permirent d’élire chaque année un magistrat composé de neuf membres dont les deux premiers portaient le titre de maîtres-bourgeois et les sept autres celui de jurés, pour administrer la communauté et exercer dans la ville la justice inférieure et la police ; mais ils se réservèrent pour eux et leurs successeurs la faculté d’établir un maire à Héricourt pour recevoir leurs droits seigneuriaux et présider la justice dite de la Mairie, tenue par les neuf membres du magistrat. Les habitants d’Héricourt ont joui de ces franchises jusqu’en 1790. Quant aux habitants des villages de la seigneurie, ils ne participèrent point aux avantages accordés par Albert et Léopold à ceux du chef-lieu ; ils pouvaient seulement, en cas de besoin, porter plainte devant la justice de la prévôté établie à Héricourt vers la même époque, laquelle était tenue par cinq membres choisis parmi les maires les plus intelligents des communes rurales, sous la présidence d’un prévôt qui 22
n’avait que voix consultative. Les appels de la justice de la mairie et de celle de la prévôté se portaient devant la justice du bailliage, ainsi appelée parce qu’elle était tenue par le bailli de la seigneurie.
Au mois de septembre 1377, Thiébaut VI, sire de Neufchâtel (en Haute-Bourgogne), acquit des ducs Albert et Léopold d’Autriche la seigneurie d’Héricourt pour 11 200 florins d’or. Ce seigneur confirma le 29 avril 1378 les franchises accordées depuis quatre ans aux habitants du chef-lieu.
Au commencement du XVème siècle, la seigneurie d’Héricourt appartenait par indivis à Humbert de Neufchâtel, évêque de Bâle, fils de Thiébaut VI et à Thiébaut VIII, sire de Neufchâtel, petit-fils de Thiébaut VI et fils de Thiébaut VII tué en 1396 à la bataille de Nicopolis. Dès l’an 1413, Thiébaut VIII en fut seul propriétaire, par suite de la vente que lui en fit son oncle le prélat, mais sous condition de réachat.
Jean de Fleckenheim, successeur d’Humbert de Neufchâtel à l’évêché de Bâle, offrit en vain à Thiébaut VIII de lui rembourser les sommes nécessaires pour rentrer en possession de la partie de la seigneurie d’Héricourt qu’il tenait de cet évêché. Il en résulta une guerre de dévastation entre le sire de Neufchâtel et le prélat. Ce dernier, avec l’aide des Bâlois et de plusieurs seigneurs, vint mettre le siège devant Héricourt. La ville et le château, tombés au pouvoir des assiégeants le 11 novembre 1425, furent réduits en cendres. A la paix conclue en 1427, Thiébaut recouvra la seigneurie d’Héricourt mais il restitua d’autres terres.
Héricourt s’était remis des désastres que les Suisses lui avaient fait éprouver, il avait même beaucoup prospéré par suite de la grande tranquillité, de la paix profonde dont il avait joui pendant la fin du règne de Thiébaut VIII et sous celui de son fils et successeur Thiébaut IX, maréchal de Bourgogne. Mais sous le règne de Claude de Neufchâtel, fils du précédent, il ressentit les effets les plus funestes de la guerre provoquée par Charles le Téméraire, duc et comte de Bourgogne, contre l’archiduc Sigismond d’Autriche, souverain du Brisgau et de la Haute-Alsace, et les cantons suisses. Dès la première année de la guerre, à la fin d’octobre 1474, l’armée de Sigismond, forte d’environ 18 000 hommes, Suisses et Alsaciens, vint ravager les états de Claude de Neufchâtel qui avait embrassé le parti bourguignon, et mettre le siège devant la place d’Héricourt, défendue par Etienne de Hagenbach, l’un des généraux de Charles le Téméraire. Jacques de Savoie, comte de Romont, autre général de Charles le Téméraire, accourut au secours de cette place à la tête de 25 000 combattants ; mais le 13 novembre 1474, son armée fut entièrement défaite par l’armée de Sigismond, près d’un étang situé vraisemblablement sur le territoire de Raynans (canton de Montbéliard) et deux jours après cette bataille, la place d’Héricourt ouvrit ses portes aux assiégeants.
L’archiduc Sigismond la fit occuper ainsi que toute la seigneurie, et la propriété lui en fut assurée par les traités de paix de Zurich en date du 28 mai 1477 et du 30 juin 1478. Il en gratifia Ulric et Henri de Ramegk, frères, gentilshommes attachés à sa personne, sous la réserve de foi et hommage. Mais le 30 juin 1480, sur les instances de Claude de Neufchâtel, il consentit à lui restituer la seigneurie d’Héricourt et d’autres terres.
Claude de Neufchâtel mourut en avril 1505. Comme il ne laissait point d’enfants mâles, ses terres passèrent à Guillaume de Neufchâtel, son frère qui le suivit dans la tombe au mois de juin de la même année. A la mort de ce dernier qui était resté célibataire, son opulente succession devait passer à ses cousins Ferdinand et Jean de Neufchâtel. Mais les comtes Guillaume de Furstemberg et Félix de Werdemberg qui avaient épousé, le premier Bonne de Neufchâtel, et le second Elisabeth de Neufchâtel, les deux filles de Claude de Neufchâtel, parvinrent à s’emparer de la plupart des terres qui composaient son héritage et à s’y maintenir.
Dans le partage qu’ils firent entre eux, la seigneurie d’Héricourt, (ainsi que plusieurs autres domaines), entra dans le lot de Guillaume de Furstemberg, qui fut institué par sa femme, en 1515, son légataire universel.
Dès l’année 1505, les comtes de Furstemberg et de Werdemberg subissaient au parlement de Franche- Comté, avec des chances fort défavorables, un procès en déguerpissement des terres de la succession de Guillaume de Neufchâtel, qu’ils avaient usurpées. Ce procès fut commencé par Ferdinand de Neufchâtel. Mais, au début même de l’instance, le 4 mars 1506, Ferdinand et son frère Jean de Neufchâtel vendirent au duc Ulric de Wurtemberg, prince de Montbéliard, pour le prix de 6000 florins d’or, tous leurs droits sur Héricourt, Châtelot, Blamont et Clémont, à charge d’en poursuivre le recouvrement à ses propres frais ; et, le 4 septembre de l’année suivante, les seigneurs de Cusance, alliés de la maison de Neufchâtel, imitant cet exemple, cédèrent au même prince leurs prétentions sur ces terres, moyennant 4000 florins. La cour de Dôle, par devant laquelle le procès concernant ces prétentions rivales était poursuivi par Ulric de Wurtemberg, rendit deux arrêts dans cette cause mémorable : l’un le 21 avril 1516 qui condamna par contumace les deux comtes de Furstemberg et de Werdemberg à la restitution des biens usurpés, à une amende de 3000 marcs d’argent, et, en cas de désobéissance, à la confiscation de toutes leurs possessions dans la Franche-Comté ; l’autre, en date du 28 mars 1522, rendu contradictoirement, et confirmatif du précédent. La crainte de se voir forcé de rendre ses usurpations 23
fit songer le comte Guillaume de Furstemberg à les transmettre à des mains plus puissantes. Le 15 mars 1524, il vendit la seigneurie d’Héricourt et autre terres à Ferdinand, archiduc d’Autriche, frère de l’empereur Charles- Quint, pour une somme de 20 000 florins. Ce dernier ne les garda que fort peu de temps ; il les revendit le 20 août de l’année suivante à Gabriel de Salamanque, comte d’Ortembourg, son grand trésorier.
Après la mort de Gabriel de Salamanque, ses biens passèrent à ses enfants mineurs Jean et Bernard, comtes d’Ortembourg, non sans qu’Ulric de Wurtemberg, prince de Montbéliard, protestât pour le maintien de ses droits, tant sur la seigneurie d’Héricourt que sur d’autres terres. Afin de les faire valoir, il provoqua en 1535, à Rothenbourg, sur le Necker, une conférence qui n’amena aucun résultat. Une nouvelle conférence, tenue à Heidelberg en 1544, demeura également sans succès. Par crainte d’Ulric, les tuteurs des jeunes comtes d’Oldembourg [sic] implorèrent la protection spéciale de l’empereur Charles-Quint pour les seigneuries d’Héricourt, Châtelot et Clémont et ils l’obtinrent à la date du 6 août 1545. Cela n’empêcha pas Ulric de continuer à faire des réclamations au sujet des seigneuries dont il s’agit. Sur la proposition de Charles-Quint, il se soumit pour le jugement de son différend, à l’arbitrage de Frédéric II, électeur palatin ; mais il mourut inopinément en 1550. Le duc Christophe de Wurtemberg, fils d’Ulric, recueillit tous les droits de sa maison sur les seigneuries provenant de la succession de Neufchâtel, et il les fit valoir devant la chambre impériale de Spire et le parlement de Franche-Comté. Ce double procès, continué par le prince Georges, qui obtint de son neveu Christophe de Wurtemberg, en 1553, la principauté de Montbéliard et toutes ses dépendances, était loin d’être terminé lorsque le 15 mars 1561, Claude-François de Rye, qui descendait par sa mère de la maison de Neufchâtel, s’empara par surprise de la place d’Héricourt. Cette entreprise n’était pas moins attentatoire à la possession des comtes d’Ortembourg qu’aux droits du jeune comte Frédéric de Montbéliard, fils et successeur de Georges. Aussi, les princes tuteurs de Frédéric, voyant que le sieur de Rye refusait d’évacuer Héricourt malgré les sommations qui lui étaient faites de la part de l’empereur Ferdinand, des cantons suisses et du parlement de Dôle, envoyèrent un corps de troupes composé de 4000 hommes de pied et de 200 chevaux avec un train d’artillerie devant cette place, déjà investie par les milices du comte de Montbéliard. Elle se rendit à la suite d’un bombardement de quelques heures, le 11 juin 1561. Dès lors, toute la terre d’Héricourt redevint une dépendance du comté de Montbéliard dont elle avait été détachée au commencement du XIVème siècle.
La réforme religieuse ne tarda pas à être introduite dans la seigneurie d’Héricourt par les ducs de Wurtemberg, comme déjà elle l’avait été en 1538 dans leur comté de Montbéliard et leurs seigneuries d’Etobon et de Blamont. Dès le mois de juin 1563, Jean Larcher, originaire de Bordeaux, homme très instruit, fut établi à Héricourt comme pasteur protestant.
Le 7 avril 1565, les princes tuteurs du comte Frédéric de Montbéliard publièrent une ordonnance portant abolition de la messe et de toutes les cérémonies catholiques dans la seigneurie en question. Au mois d’août suivant, tous les curés furent renvoyés, et l’on établit à leur place des ministres du culte protestant. Tous les sujets de cette terre embrassèrent la réforme, et il n’y resta pas un seul catholique.
En 1586, on répara le château d’Héricourt par ordre du comte Frédéric de Montbéliard ; alors disparurent d’anciens édifices qui tombaient en ruines.
La seigneurie d’Héricourt jouissait depuis longtemps des bienfaits de la paix sous le gouvernement du comte Frédéric de Montbéliard, lorsqu’en janvier 1588, elle se vit ravagée par l’armée des Guises irrités contre ce prince, parce qu’il était l’ami de Henri IV. Le 4 janvier, la ville d’Héricourt, bien fortifiée, mais dont la garnison n’était que de 120 hommes, ayant été sommée par Erard de Reinach, l’un des chefs de cette armée, se rendit par capitulation. Elle fut reprise huit jours après, par les bourgeois de Montbéliard. Le comte Frédéric en fit abattre les murailles et raser les portes, et pour ajouter au châtiment que, selon lui, les habitants avaient mérité pour s’être rendus sans combat à l’ennemi, il les priva de leurs franchises ainsi que de leurs revenus municipaux. Les instances souvent renouvelées qu’ils adressèrent à ce prince pour fléchir son indignation, demeurèrent sans aucun résultat, et pendant toute la durée de son règne, Héricourt n’eut pas une condition meilleure que le plus chétif village. « Ce qu’une fois nous avons acquis par droit de conquête, nous ne le restituons jamais », telle fut sa réponse finale. Ce ne fut que le 14 février 1609 que les habitants d’Héricourt obtinrent du prince Jean- Frédéric, successeur de Frédéric, la restitution de tous leurs droits, franchises et revenus, ainsi que la permission de rétablir les murailles et portes de leur ville.
La guerre de trente ans désolait l’Allemagne dès 1618. La seigneurie d’Héricourt en ressentit les malheureux effets. Déjà au mois de septembre 1631, elle fut exposée aux ravages et aux dégâts des troupes impériales et lorraines stationnées dans son voisinage. Non contents d’exiger presque tous les jours de l’argent et des denrées pour l’entretien de leurs soldats, les chefs laissaient commettre à ces derniers les plus grands désordres.
A la fin de 1631 et dans la seconde moitié de 1632, plusieurs compagnies d’infanterie et de cavalerie 24
au service de l’empereur d’Allemagne vinrent aussi prendre leurs quartiers d’hiver dans le pays de Montbéliard et la seigneurie d’Héricourt ; leur entretien fut à la charge des habitants.
En mai 1633, un corps d’armée commandé par Ernest de Montécuculi, général autrichien, se rendant de Lure dans l’Alsace, commit à son passage dans la seigneurie d’Héricourt des déprédations et des violences de tout genre. Trois ou quatre mois après, le pays se trouvait encore menacé par un autre corps de l’armée impériale sous les ordres du duc Charles de Lorraine. Il ne resta au gouvernement du comte Léopold-Frédéric de Montbéliard, pour éviter la ruine totale de sa principauté, d’autres ressources que l’appui de Louis XIII, roi de France. Ce monarque, qui se trouvait alors occupé au siège de Nancy, accorda tout ce qui lui était demandé. Le 21 septembre 1633, des garnisons françaises furent mises dans les places d’Héricourt, Montbéliard et Blamont.
Dans le courant de l’année 1634, ces terres ne furent point envahies par les troupes autrichiennes, mais, en avril 1635, le duc Charles de Lorraine vint les occuper à la tête de 15 000 hommes. Après des tentatives infructueuses pour s’emparer de Montbéliard et d’Héricourt, il s’en dédommagea en ravageant les campagnes et en y commettant d’horribles excès pendant six semaines. La peste sévit également dans ces lieux depuis le mois de juin 1635 jusqu’au mois de novembre suivant et enleva les deux tiers de la population. A Héricourt, il ne resta que 40 chefs de famille. La disette se joignit à ce cruel fléau.
Le pays fut de nouveau couvert de deuil et de ruines à la fin de 1636 par l’armée de Gallas, autre général autrichien. Par les ordres de ce chef, plusieurs lieux furent livrés aux flammes, et les habitants contraints d’errer sans asile avec le peu de bétail qui leur restait. Le 20 décembre de la même année, il vint mettre le siège devant Héricourt avec 6000 hommes ; mais la place fit bonne contenance, et les assiégeants se retirèrent dans la nuit du 16 janvier suivant.
La peste reparut au mois de juillet 1637 ; toute la contrée en éprouva encore les funestes atteintes pendant quatre mois, et comme si la guerre et la peste n’avaient pas suffi pour la dépeupler, une horrible famine causée par la dévastation des armées y fit de nombreuses victimes au printemps de 1638. Ces malheurs cessèrent en 1648 lors du traité de paix de Westphalie. Par ce traité, la place d’Héricourt fut évacuée en juillet 1650 par les troupes françaises qui, pour la protection du territoire, y avaient séjourné 17 ans.
Le pays venait à peine de recouvrer sa première prospérité quand Louis XIV, roi de France, qui depuis deux ans avait conquis la Franche-Comté, en ambitionna la possession. La place d’Héricourt fut occupée le 10 novembre 1676 par l’armée sous les ordres du maréchal de Luxembourg qui y laissa une garnison. Le reste de la seigneurie suivit le sort du chef-lieu. Dès lors, la souveraineté de cette seigneurie fut perdue de fait pour les princes de Montbéliard, qui toutefois en conservèrent le domaine utile jusqu’en 1790, époque de l’abolition des droits féodaux en France.
La ville, comme le château, était entourée de bonnes murailles et de fossés larges et profonds que l’on pouvait remplir d’eau. Le château était en outre flanqué de quatre grosses tours qui portaient les noms de Tour d’Espagne, Tour Gigotte, Tour de la Lanterne et Grosse Tour. Ces tours furent détruites ainsi que les murailles d’enceinte par les Français en 1676 ou 1677. Quant au château, il ne fut pas démoli, on le voit encore debout. Il se compose d’un rez-de-chaussée et de plusieurs étages, et renferme des salles spacieuses. Du reste, ce bâtiment ne paraît remonter qu’au 15 ème
siècle ; il a été construit probablement sur l’emplacement d’un plus ancien qui, comme on l’a vu, avait été incendié en 1425.
Sous l’empire de la loi du 26 février 1790, qui divisa la France en départements, en districts et en cantons, Héricourt devint le chef-lieu d’un canton dont firent partie toutes les communes de l’ancienne seigneurie de ce nom, à l’exception de celle d’Echavanne qui fut réunie au canton de Ronchamp. Le canton d’Héricourt fit partie du district de Lure et du département de la Haute-Saône.
Le château d’Héricourt et la plupart des biens du prince de Montbéliard furent vendus comme biens nationaux en 1797.
Le canton d’Héricourt eut beaucoup à souffrir du passage des armées alliées en 1814 et en 1815, attendu qu’il est situé sur la route nationale de Lyon à Strasbourg.
Il n’y a rien de particulièrement intéressant pour l’histoire locale à signaler de 1815 à 1870.
Après la bataille de Villersexel, le 9 janvier 1871, toute l’armée allemande se rallie dans la direction de Montbéliard après avoir livré un combat à Saulnot autour du cône de Millerimont.
Le 11 janvier, plusieurs régiments de Werder occupent la ligne de Couthenans à Héricourt. Bourbaki arrive le 13 à Arcey où il repousse les avants-postes prussiens.
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Les ennemis battent en retraite derrière la Luzine, position importante où ils se fortifient. Ils garnissent d’artillerie tous les escarpements situés le long de la rive gauche de la Luzine, tandis que les batteries françaises s’établissent à droite sur les hauteurs de Tavey. Des obus tombent sur la ville d’Héricourt et allument quelques incendies. L’un de ces projectiles va éclater dans la salle d’école de Tavey, transformée en ambulance, en brise la porte et fait une victime.
Le dimanche 15 janvier, l’armée française occupe les villages de Montbéliard à Chagey. Le même jour, la division Cremer, venant de Lure, prend position devant Chenebier et en chasse les Prussiens dans les journées des 15 et 16 janvier. Le 17, Bourbaki tente de nouveau une attaque sur la ligne de Montbéliard à Chagey, mais sans succès. Désespérant de pouvoir débloquer Belfort, il se replie sur Besançon.
populations, fermement attachées à la République, se livrent aux travaux agricoles ou industriels et sont généralement dans l’aisance.
Célébrités locales : ROCHET Charles-François-Xavier, célèbre explorateur, naquit à Héricourt le 10 mai 1801. Apprenti tanneur, il partit à Strasbourg pour apprendre la maroquinerie. Il voyagea ensuite en Italie, après avoir découvert le perfectionnement de l’emploi des couleurs. L’Académie de Florence lui accorda une médaille de vermeil pour ses travaux de chimie.
A Tunis, il vend son secret pour 12 000 francs. En 1829, il quitte la Tunisie et se rend au Caire où il obtient bientôt la direction d’une fabrique d’indigo à Mansourah.
Après 10 ans de séjour, il part pour l’Ethiopie. Très estimé du roi de Choa auprès duquel il reste 8 mois, Rochet revient en France en 1840.
Il fait paraître l’année suivante les relations de son voyage et obtient la croix de la Légion d’Honneur. Le 1
er janvier 1842, il part de nouveau pour le Choa, emportant de magnifiques présents de la part de Louis- Philippe pour le roi du pays. Ce second voyage dure trois ans et vaut à Rochet la dignité d’officier de la Légion d’Honneur.
Le gouvernement, à titre de récompense, le nomme consul à Djedda en Arabie. Il y mourut le 19 mars 1854.
BRETEGNIER Georges, peintre distingué, est né à Héricourt le 14 avril 1860. Elève de l’école des Beaux-Arts, il eut pour maîtres Jérôme et Meissonnier.
A 22 ans, il exposa au salon de 1882, deux toiles : « Portrait du docteur Lubert » et « Henri II au tombeau de Thomas Becket ». Il obtint une mention honorable.
Il fit deux longs séjours au Maroc, parcourut l’Algérie et l’Espagne. Il mourut le 12 Xbre [décembre] 1892 à Paris. Il [a] été inhumé à Héricourt et un monument a été élevé sur sa tombe le 24 septembre 1893.
L’instituteur de Saulnot,
P. Balland
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