Les principaux syntagmes


– Les syntagmes conjoints incidents en français


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Les principaux syntagmes

2 – Les syntagmes conjoints incidents en français
9Les constructions comportant ce que nous appelons un syntagme conjoint incident, telles que (3), sont parfois mentionnées, par exemple par Antoine (1958), Hobaek-Haff (1987), Bilger (1984), pour le français. On les trouve avec toutes les conjonctions de coordination : et, ou, mais, ni, carNi, en tant qu’item à polarité négative (de Swart 2001) pose des problèmes particuliers ; nous étudierons car à la section suivante ; nous nous limitons donc ici aux trois premières conjonctions, sachant que ou y est généralement interprété comme exclusif et mais comme oppositif (équivalent à l’allemand aber et non sondern) :
[3]

  1. Paul est parti, et c’est heureux.

  2. Paul est parti, et vite.

  3. Paul viendra, ou bien Marie.

On peut définir ces tours comme ayant en commun une prosodie incidente (c’est-à-dire un décrochement mélodique), mais, du point de vue syntaxique et sémantique, il convient de distinguer plusieurs cas. Si l’on s’en tient aux structures de la forme Phrase + Conj + X, X peut être un syntagme de n’importe quelle catégorie : Phrase, SN, SAdv, SP [3][3]On peut trouver aussi des coordinations incidentes dans le SN,…. Appelons syntagme conjoint en « incise » le cas (3a) où X est une phrase, syntagme conjoint « emphatique » (Hobaek-Haff, 1987) le cas (3b) où X est un modifieur (ou un complément) sans équivalent dans la première phrase, et syntagme conjoint « différé » (Antoine, 1958) le cas (3c) où X est interprété comme un sujet (ou un complément) mis en relation avec un syntagme équivalent dans la première phrase [4][4]Le dernier cas est appelé stripping dans la littérature….
2.1 – Les syntagmes conjoints en incise
10Concernant les incises, les trois conjonctions sont possibles, sauf les conjonctions doubles, et il s’agit forcément d’une construction binaire. On peut contraster (4a-b) (conjoint en incise) avec (4c-d), construction coordonnée (ou coordination ordinaire) :
[4]

  1. (?? Ou) Paul est venu ici, ou je me trompe.

  2. ?? Paul est venu ici, c’est heureux et il a eu raison.

  3. (Ou) Paul viendra ou Marie partira.

  4. Paul viendra, Marie partira et Bob restera.

En (4a), au contraire de (4c), la conjonction ne peut précéder la première phrase ; (4b) ne peut pas se comprendre comme une coordination ternaire, mais comme la juxtaposition d’une phrase simple (Paul est venu ici) et d’une phrase coordonnée (c’est heureux et il a eu raison) [5][5]Une autre possibilité d’analyse avec et c’est heureux en incise….
11Nous adoptons ici la distinction proposée dans Bonami et al. (2004) entre incidence (propriété prosodique des expressions qui sont en dehors de la prosodie générale de la phrase) et fonctionnement parenthétique (propriété sémantique des éléments qui ne font pas partie de l’assertion tout en engageant le locuteur, voir Jayez et Rossari, 2004). Du point de vue sémantique, les conjoints incidents ne sont pas forcément des parenthétiques, car ils peuvent faire partie du contenu asserté (c’est le cas en (3)).
12On peut suivre la distinction établie par Marandin (1998) au sujet des adverbes incidents : on trouve des conjoints en incise de type « prédicatif » (3a), de type « modal » (4a) et de type « énonciatif » (5) :
[5]

  1. Paul Durant – mais était-ce bien lui ? – s’avançait le long du mur.

  2. Paul a ébloui l’assistance, et je pèse mes mots.

Du point de vue syntaxique, les conjoints en incise ont la même mobilité que les adverbes incidents, pouvant apparaître en particulier entre le sujet et le verbe (6-8) ; mais la position initiale est exclue (9) :
[6]

  1. Jean, et c’est heureux, a lu votre livre sur l’Inde.

  2. Jean a, et c’est heureux, lu votre livre sur l’Inde.

  3. Jean a lu, et c’est heureux, votre livre sur l’Inde.

[7]

  1. Jean, ou je me trompe, a lu votre livre sur l’Inde.

  2. Jean a, ou je me trompe, lu votre livre sur l’Inde.

  3. Jean a lu, ou je me trompe, votre livre sur l’Inde.

[8]

  1. Jean, mais il a eu tort, a lu votre manuscrit.

  2. Jean a, mais il a eu tort, lu votre manuscrit.

  3. Jean a lu, mais il a eu tort, votre manuscrit.

[9]

  1. Heureusement, Paul a lu votre livre sur l’Inde.

  2. * Et c’est heureux, Jean a lu votre livre sur l’Inde.

  3. * Ou je me trompe, Jean a lu votre livre sur l’Inde.

  4. * Mais il a eu tort, Jean a lu votre livre sur l’Inde.

Cette mobilité amène à se demander s’il s’agit bien là de coordination. Une autre caractéristique des constructions coordonnées est d’être soumises à des contraintes de parallélisme, en particulier en ce qui concerne l’extraction : on ne peut extraire un complément hors du premier conjoint sans l’extraire aussi hors du second [6][6]On peut se demander s’il s’agit d’une contrainte syntaxique ou….
[10]

  1. Jean lira ce livre et Marie traduira le premier chapitre.

  2. Jean lira ce livre et Marie traduira ce livre.

  3. un livre que [Jean lira – et Marie traduira – ]

  4. * un livre que [Jean lira – et Marie traduira le premier chapitre]

La relative en (10c) est grammaticale car le même complément est extrait hors de chaque conjoint (cf. 10b). Elle est agrammaticale en (10d) car il y a extraction seulement du complément de la première phrase coordonnée. Or si la proposition conjointe est « incise », l’extraction peut se faire hors de la principale en (11a) ou hors de son sujet en (11b) sans se faire hors de la proposition conjointe :
[11]

  1. Voici le livre que Jean a lu, et c’est heureux, à ses enfants.

  2. L’ enfant dont le père doit venir, ou je me trompe, est là devant la porte.

Cette violation de la contrainte d’extraction parallèle (CEP) s’explique mal si la proposition incise est coordonnée (membre d’une construction coordonnée). Elle est en revanche attendue si cette proposition est syntaxiquement un ajout, et on explique du même coup sa mobilité. On explique également le binarisme de la construction, et l’impossibilité d’avoir des conjonctions doubles (voir (4)). Le fait d’être ajout à une phrase explique l’asymétrie syntaxique observée mais ne préjuge pas de l’interprétation de l’incise, qui peut être variée. Du point de vue syntaxique, il s’agit d’une phrase ajout particulière, puisqu’elle ne peut pas être en tête de phrase, et qu’elle n’a pas toutes les contraintes d’une subordonnée. En particulier, l’inversion du sujet clitique est possible pour les incises interrogatives (voir (5a)). De plus, toutes ces phrases incidentes pourraient être employées en indépendantes dans les mêmes conditions (mais pas à l’initiale d’un discours) :
[12]

  1. Jean a lu votre livre. Et c’était une erreur.

  2. Jean a lu votre livre. Ou je me trompe.

  3. Jean a lu votre livre. Mais il a eu tort.


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