The baha’i world
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- THE INSTITUTION OF THE MASHRIQU’L-ADHKAR
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LE 1flACHREQOU’L- AZIcAR’ D”ACHQABAD PAR HIPPOLYTE DREYFUS Paris Ernest Leroux, Editeur 1909 Le voyageur qni se rend dans I’Asie centrale par Ia vole ferrde qui dopuis plusieurs années relic Ia mer Caspienne aux grandes villes du l4urkestan russe, s’arrête d’abord It Achqa1b1d. La’ville et toute moderne, et l’on n’y roncontre aucune des ruines grandioses qui, ii Merv, It BokhâM, It Samarqand attestent encore Ic faste do la domination tartare. Memo les luttes reIatjvment récentes des Russes contre les Turkonians n’ont pour ainsi dire pus laissé do trace dans le pays, et l’on pourrait se croire, en parcourant les grandes avenues taiilées It angles droits thins Ia Jioussière du dsert, dans quelque pays récemment ouvert It une exploitation d’industrie intensive, ou dans quelque cantonment d’une cite de l’Inde. Pourtant depuis iongtemps les grandes routes des caravanes qul portaient en RUssie los produits de Ia Perse, du Beloutchis. tan et dii Pendjâb se rencontraient en ce point It Ia deseente du versant nord des montagnes du Khorassan gravies au sortir de Mechhed. C’est d’ailleurs It l’activité do Ia colonie persane qul depuis quarante ans est venue chercher au delIt des frontiêres de Ia patrie une sécurité qu’elle n’avait plus chez cue qu’iI faut attribuer en partie la rapide prospérité d’ AchqItbad. Lo commerce y est en effet dans une grande proportion entre los mains des nombreuses families persanes qul out quitté leur pays, uu
moment oü les persecutions contre les adeptes du Bab et de Bahà’on’lhlh, le prophèto du Béhaisme, étaient It leur comble; et ce n’est pas sans un lCgitime orgueil qu’ils montrent propoa d’une récente acquisition du départewer4 es manuscrits de Ii Bibliotbéque Nationale Note: “Une Institution Béhaie, Le Machreqou’l-Azkar d’Achqabad” par Hippolyte Dreyfus est extrait des “Mélanges Hartwig Derenbourg, Recueil de travaux d’érudition dédié a la mémoire de Hartwig Derenbourg par ses amis et ses élèves.” (Hartwig Derenbourg, membre de 1’ Institut, Professeur a 1’Ecole Nationale des Langues Orientales, arabisant, auteur d’ouvrages d’érudition.)
THE BAHA’I WORLD aux étrangcrs le plus beau monument de Ia vile, dont Ia coupole et les minarets élèvent vers Ic del leurs formes ékgantes. Its aiment a rappeler qu’alors que leur pays les contraignait i l’exil, us out Pu hbrement so développer ki, et que Ic
géwral Kouropalkine, en cc temps gouverneur général du Turkestan, füt délégué par Ic Tzar pour Ic représenterà Ia cérémonle do Ia pose do la premiere pierre du Mahreqou l-Azkâr béhal. Qu’est-ce quo to Mackrcqou l-Azkr; Ic lieu d’oü montent les ikrs ? Ce serait Hue errellr de s’imaginer, en donnant a ce wot si signification littérale, quo cc monument soit le lieu oü quelqile secte de fakirs oii de derviches se rassemble pourseli’vrer Ii Je pleuse gymnastique traditionnelle do son ordre. Ni les Qâdirts, ni les Moulwls, ni les Beirünils n’ont ici accès; et l’étranger désappointé ne saurait voir ilotter les longues robes blanches, tournant au signal de l’lmim. Le plan du inonument que nous reproduisons ci-dessous nous montre également cobien sont profondes, malgré les ressemblances apparentes, his differences qui empêchent de Ic considérer comme une simple mosquCe. En effet on Wy trouve nile pulLs destine aux ablutions, nile mihrdh indiquant Ia direction do Ia qiblak et oü se tient I’Imân pour Ia prière, nile minbar oa l’on monte pour exhorter les fldèles, et exciter leuil ardeur au réçit des martyres. C’est qu’à vrai dire to BéhaIsme a apporté de radicales trans or.mations dans UlsIam. On saiL comment Ia religion nouvelte s’exerce sanclergó, et no comporte aucun des exercices cultuels considérés ailleurs comme essentiels; nombreuses en effet sont los prescriptions édictées par le Prophète pour prévenir ce qu’il coasidère comme Ia cause principale do la dégénérescence des religions et do leur stérilité, c’est-à-dire Ia creation des dogmes qu’ila no tardent par a imposer. Bahâou’lhth a ainsi supprimé Ia coutume des prières en commun, et tout ce qui constitue lea liturgies. Si donc les Béhais peuvent se rendre au achreqou’l-AkAr pour prier, its to font sur leur propre initiative, non it I’appel do I’âzân, et nut no monte en chaire pour les
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admonestor, leur rappeler les principes ile Ia religion, ou dire Ic kijotbé dii vcndredj. Le monument d’Achqâbâd est par consequent tout autre chose qu’une mosquCe. Line architecture caratéristique frappe to regard 1ès le premier abord I’édiflce est un polygone a
murs : In viellie prescription du judaIsme est toujours eu vigneur, non plus pa crainte des fótichismes suraxnés, mais pour quo rien ne vienne arrêter l’Ame des fidèles qul s’efforce do s’éiever vers Dieu. Une
pict180.jpg 528 THE BAHA’I WORLD decoration discrete de falences pelychromes et quciques inscrip. Lions dues a la plume artistique du célCbre Mnchkineqahirn vIennent jeter leurs notes claires dans l’austérité dii lieu. Les nombres 9 et 5 qui out prCsidé it sa consLrut ion rappellent aux adeptes les noms saerés do ;‘ et de
d’après Ia notation de l’abdjad. Verses d’ailleurs dans la science des nonibres, les bChals sont habiles ii trouver dans ces deux syniboles (le profondes signilications. us savent que Ic nombre parfait de 9, c’est-à-
dire celui qui s’obtient en en additionnant les parties aliquotes,est45’,etque ccliii deS esti5’, quo 5esL egalaIetlSa quo de memo qu’Adam et ve sont los ancétres de l’huinanité, I’union spirituelle de Bah1’ou’lhlh et do Bb doit produire Ia génCration qui conduira Ic monde It ses destinées nouvelles, It I’Adam rCgénCrC, et qu’ainsi doll s’entendre la mystérieuse vérité mathematique : 9 X 5 = 45. Mais ii ne suffit pas de rechercher’ les significations cachCes des motifs architecturaux de Machreqou’l- Azkar pour en saisir toute Ia valeur: ii faut surtout se reporter aux textes mCmes qui l’ont institué. A cet égard, le manuscrit qul est inscrit sous no 6397 du fonds arabe de Ia Bibliothèque Nationale va nous fournir de précieux renseignements. C’est an élégant volume de 59 feulllets, joliment relié en laque, écrit d’un bout It Pautre dansle plus pm’ nas/èh, etdontles deuxpremières pagessont finement enluminées par tin artiste anonyme qu’une pieusemodestie a emp&hé de signer au bas du principal Livre do Bahikou’llikh! C’est en efTet Ic Kittbou’ l-Aqdas, Ic Livre Très-Saint, qui contient les préceptes de Ia nouvelle religion, une sorte de code donnant les principes généranx qui serviront pour I’organisalion des sociétés futures. Dans le
(vol. XXI, new series, p. 495) Ic savant orientaliste E. 6. Browne, décrivait ainsi le manuscrt qu’il en possCdit, et auquel ii attachait Ia plus précieuse valeur: — It is quite 2. 1÷2=3-I-S=6+410+5 =15+6 =21+7=28-t836+94W. 2. t+2=3+3=6+410 +
THE INSTITUTIoN OF THE MASHRIQU’LADHKAK 529 a small volume, written in Arabic, and summing up the doctrine in its essentials, with regulations concerning prayer, (he fast, the division of (he year, marriage. inheritance, the puiiiislinient of crime amid other matters . Les passages dii Kitibou’ I-Aqdas qui so réfèrent nu Macbreqou’l-Azkâr, (lisséminês 110 pen dans tout le livre, no sont pas très Ctendus, mnais, a vrai dire, us suffisent a nous en faire connaltre Ia signifieaton et Ia portée.
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4 flis certes un Maclircjou’[-Azkár est (onto inaison construite pour (consaerëe a) ma mention dans les villes et los villages.. Ainsi ont-elles été nomnées devant Ic Trne, si vous tcs do ceux qui savent’ ‘.
Ainsi bate maison, ce qul implique qu’il n’est pas nécessaire d’édifler nn monument ad hoc. Et partout en Orient oii les croyants Wont pas en los moyens do donner a leur religion Ia consecration somptuense qui lui a etC
rCservCe a Achqâhâd, les Béhais ont réserv Ic nom de Machreqou’l-Azkar a Ia derneure do ccliii des leurs o& us ont Uhabitude de se rCunir pour lire les versets sacrCs, et dClibérer sur Jes intéréts gCnér ux de Ia communantC. Mais Bahâou’l1h plus loin exhorte ses disciples, lorsque Ia situation Ic permnet, a faire plus, a construire en l’honneur de Dieu des monuments spéciaàx _—,
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. . a £dillez les maisons de l)ieu et ses villes; pius là, mentionnez-le par les melodies des éhis. En vCritC les cours s’édiilent par Ia tongue comme les maisons et les pays s’édiflent par Ia main et Ics autres instruments’ . Nous allons voir d’ailleurs cc que BahA.ou’llah entend par les villes ile Dieu, ci ponrquol ii attache une importance si considerable la fondation des Machreqou’l-Azkâr. Au tenlIlet 5. du manuscrit so trouve Ic verset suivant qui rend obligatoire In prière solitaire, supprimant ainsi les prières en commun, messes etc. oü s’afflrme le pouvoir des prCtres sur les foules c z
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a II vous a ClC
ordonnC de prier seuls, et Ic commandenient de reunion est abrogC saul dans la prière des morts. En vérité hi est ccliii qul commande, qui gouverne! )) On salt quo les priéres pour les morts so font dans I’Islain hors Ia presence do l’Imâin, ci cette exception a l’interdiction générale lui donne sa veritable signification nous nous trouvons id en presence d’une des nombreuses prescriptions du BChaisme destinées a détruire l’autoritC des clergés. II en est dc mCme du verset suivant qni s’applique Cgalement au Machreqou I-Azkr I. Loc. cit., (eulllet 50.
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..); I1 vous est interdjt do monter dens les minhars. Ccliii qili voudra lire pour vous les versets do soU Seigneur, qu’il s’assoie sur le siege situé sur le divan, et qü’il mentionne Dieu son Scigiieur et Ic Scigneur des creatures’. Cc verset sans doute plus que tout autre aboutiri a Ia suppression des clergCs : quo deviendrait en elTet l’influence des pretres sur Ia foule s’ils s’asseyaient auprès d’elIe, au lieu do Iadmonester du haul des ehaires, dans l’apparcil impressionnant des églises et des temples? Telles sont les règles éparses dans le KitAboni-Aqdu qul fixent Ic caractère religleux du monumept dAchq&bAd. Mais pour en comprendre toute Ia portée, non plus seulement religieuse mais sociale, ii faut savoir pie Ic Machroqou’l-AzkAr est surtont Ic centre de tonIc une organisation elvile quo Bahou’llâh dans Ic verset que noas venous do. citer appelle une yule ik J)bt ct dont do nombreux passages do ses ouvrages et de ceux ite ‘Abdou’l-3ahl, son Ills et l’interprète de sa doctrine, nous commentent Ia nature. On salt que Abdou’l-Bah est anjourd’bui le chef dii mouvement béhaf, et que, de SaintJean-d’Acrc oü II reside depuis prè de quarante ans, II so tient en rapports avec les lldCles dos différentes parties dii monde pour lear donner los commentaires et les explicatlons qu’ils désirent. C’est ainsi que, dans une pItre dont nous possédons to manuscrit, II dit, flu sujet dii monument qul nous intéresse: 6 4. Loc. cit., teuillet 48.
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THE BAHA’I WORLD A Le Machreqou 1-Azk1r est tine des plus importantes institutiotis de l’humanité, ci ses dépendances sont nömbreuses. L Machreqou’l-Azk1r est Iden tin lieu do dvotions, mais aussi ii doit étre cii connexion avec tin hOpital. tin dispensaire, tine maison pour recevoir les voyageurs, une école pour les orphelins, une université pour l’enseignement des siences supéricures. Chaqiie Machreqou ‘l-Akàr dolt être en con nexion avec ces cinq fondations. i) Bah1’ouih1h a done vouhi que-1e Maehreqou’l-Azkr fit non seulement un lieu réservé a Ia prière, solennel el grandiose comiue ii ‘convient. mais aussi qu’il ft Ic centre de toute uhe organisation sociale, répondantaux besoins les plus élevés de Ia collectivité, rappelant a chacun ses responsabilités et ses devoirs, et faisant apparaltre en lettres de pierre cette idée qu’il R Si souvent expriméc dans ses livres, it savoir qne hi veil- table prière est l’action, ci que ‘Ia religion dolt s’exerecr dans tous les actesde Ia vie. II na pas manqué dindiquerégalenient de quelle façon ees diffCrentes institutions seraieiit administrees, comment tin Conseil special, le BaItou’1-Adl, est chargé de cc soin, comme aussi des autres intéréts de Ia communauté bCliaIe’. Mais cc serait notis entrainer hors dii cadre de cette étude que d’entrer dans tons les details de cette question. Nous avons uniquement voulu rechercher I’origine et Ia signification dii monument d”Achqbâd II nous a paru intéressant de constater comment los BéhaIs, par cette institution, prétendent concilier les imprescriptibles aspirations de l’me, qui obligent l’homme parfois it chercher dans les temples Ic rcciieillemont qui lui est iiCcessaire pour prier it l’abri de l’agitation de Ia vie, avec les iiiesures qui doivent prévenir Ia constitution des clergCs ella formation des rites; et aussi comment Bahãou’llâh s’est elTorcé de mettre pour ainsi dire Ia religion dans toutes les fonctions sociales, ci d’en faire Ic signe visible, le centre principal de l’efTort de I’humanité dans son euvre de solidarité ci de progrès.
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Soumen Nainen, 1938. Published in Finland.
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