Massives sur les communes de


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BELLERIVE sur ALLIER le 1



er

 février 2016 

 

 

 



ENQUETE PUBLIQUE 

concernant le 

 

 

Demande d’autorisation d’exploiter une carrière 



sur les communes de Châtillon et Cressanges (03) par 

l’entreprise TAINE Père & Fils 

 

(Installation classée pour la protection de l’environnement) 

 

 

 



AVIS DU 

 COMMISSAIRE ENQUETEUR 

 

 

 



 

 

 



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.

 

1 -



 

L

E PROJET

 

L’Allier  est  un  département  géologiquement  riche  qui  dispose  d’un  large  éventail  de  roches  utilisées  dans  la 

construction et les travaux publics. Le massif granitique du Tréban présente une ressource importante. 

M.  TAINE  Jean-Pierre  qui  possède  une  entreprise  de  travaux  publics  et  une  entreprise  spécialisée  dans  la 

maintenance  des  engins  d’exploitation  des  carrières a  créée  une  nouvelle  société,  SAS  TAINE  Père  &  Fils  ayant 

pour vocation l’exploitation de carrières et le traitement des matériaux extraits. Son objectif est de diversifier ses 

activités et d’alimenter ses chantiers et les entreprises locales en matériaux. 

Dans ce cadre, il demande l’autorisation d’exploiter une carrière de granite sur des terrains dont il est propriétaire 

sur les communes de Châtillon et Cressanges, 2 communes rurales situées au cœur du bocage Boubonnais. 

Cette  activité  recouvre  3  rubriques  de  la  nomenclature  des  Installations  Classées  pour  la  Protection  de 

l’Environnement.  

2 -

 

L

E DOSSIER

 

Le  dossier  mis  en  consultation  est  conforme  et  comprend  tous  les  éléments  exigés  par  la  réglementation.  Ses 

pièces  principales,  la  demande  d’autorisation  et  l’étude  d’impact  permettent  de  se  faire  une  bonne  idée  du 

projet. La demande concerne une surface et un volume d’extraction qui placeraient la carrière des Bouis parmi les 

plus importantes du département.  

L’étude d’impact est détaillée, elle comporte, entre autres éléments, la description de l’état initial, l’analyse de 

l’impact de l’exploitation de la carrière, les mesures envisagées pour éviter ou réduire l’impact environnemental, 

le projet de remise en état à l’issue de l’exploitation. 

Si elle note la qualité de la démarche, le bon niveau de prise en compte des risques écologiques,  la cohérence du 

projet  avec  les  directives  existantes  (SDAGE,  règles  d’urbanisme,  schéma  départemental  des  carrières…), 

l’autorité environnementale relève quelques imprécisions et souligne  

-

 



l’insuffisance des justifications du projet

-

 



un  approfondissement  insuffisant  des  mesures  d’évitement  des  nuisances  auxquelles  seront  exposées  les 

habitations les plus proches. 

Bien qu’il ne soit pas obligatoire, il aurait été intéressant de disposer de l’avis de la Commission Départementale 

de Préservation des Espaces Naturels Agricoles et Forestiers. 22 hectares de terre agricole seront détournés de 

leur vocation pendant 30 ans (minimum). 

3 -

 

DEROULEMENT DE L



ENQUETE

 

L’enquête  dont  le  siège  a  été  fixé  à  la  mairie  de  Cressanges  concernait  également  les  communes  de  Châtillon, 

Noyant sur Allier et Tronget. 

L’ensemble  des  étapes  de l’enquête  ont  été  respectées :  publicité  dans  2  journaux,  affichage,  accueil  du public 

dans  une  salle  du  conseil  municipal  de  la  mairie  de  Cressanges,  tenue  des  5  permanences  du  commissaire 

enquêteur prévues par l’arrêté préfectoral du 10 novembre 2015. 

 

Après un démarrage assez calme, l’enquête publique a été marquée par l’opposition au projet d’une partie de la 



population. De ce fait, les dernières permanences ont vu une forte affluence détériorant les conditions d’accueil. 

Les opposants se sont regroupés et ont mené des actions de mobilisation de leurs concitoyens et fait appel aux 

média.  


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.

 

Par  ailleurs,  estimant  avoir  été  tenus  à  l’écart  du  projet  et  prévenu  tardivement  de  l’enquête  publique,  ils  ont 



adressé un courrier en ce sens au préfet de l’Allier le 28 décembre 2015. 

Si  elle  n’existait  déjà,  le  projet  de  carrière  a  créé  une  scission  au  sein  de  la  population,  en  particulier  celle  de 

Cressanges. 

 

Le commissaire enquêteur a reçu 47 personnes.  



61 observations, allant de quelques lignes à 5 pages, ont été déposées. 18 se prononcent pour le projet. 43 sont 

négatives. 

Les points émergeant des remarques du public concernent : 

 



l’importance  du  trafic  poids  lourds  et  ses  conséquences :  insécurité,  détérioration  des  infrastructures, 

impact sanitaire… 

 

Les  nuisances  générées  par  l’exploitation  (bruit,  poussière…)  en  particulier  pour  les  résidants  les  plus 



proches. 

 



La  détérioration  du  cadre  de  vie  qui  a  attiré  ou  retenu  les  habitants :  calme,  attrait  de  la vie  en milieu 

rural, environnement (faune, flore, paysage…). 

Les réponses du pétitionnaire aux observations du public sont assez complètes. 

La  réalisation  d’une  concertation  préalable  aurait  sans  doute  permis  de  dépassionner  le  débat,  de  mettre  en 

exergue les points durs, voire d’améliorer les mesures d’évitement et de réduction. 

 

Le 11 janvier 2016, le conseil municipal de la commune de Cressanges a émis un avis défavorable à l’ouverture de 



la carrière. 

4 -

 

E

LEMENTS DE REFLEXIONS

 

Sans omettre les autres aspects de ce dossier à la fois complexe et sensible, le commissaire enquêteur a focalisé 

ses réflexions sur 4 thèmes. 

Justification du projet. 

Une carrière est consommatrice de ressources naturelles non renouvelables à l’échelle humaine et, en dépit des 

mesures prises, impacte son environnement pendant toute sa durée d’exploitation. 

Il est donc nécessaire de s’interroger sur son bien fondé vis-à-vis du demandeur et de la collectivité : Sera-t-elle 

rentable  et  surtout,  vu  les  carrières  existant  dans  les  alentours,  son  ouverture  est-elle  en  corrélation  avec  le 

besoin en granulat dans un rayon de 50 km dans les prochaines décennies ? 

-

 

Le 1



er

 point ne semble pas problématique : la carrière produira 3 types de matériaux et son seuil de rentabilité 

sera sans aucun doute inférieur au volume demandé. 

-

 



Le  contexte  local,  illustré  par  l’incertitude  sur  le  devenir  de  la  carrière  de  La  Garde  et  le  fonctionnement 

réduit  de  plusieurs  autres,  et  national  (baisse  des  travaux  d’infrastructure  et  du  bâtiment)  conduit  à 

s’interroger.  

Les  projections  du  schéma  directeur  des  carrières  mis  à  jour  en  2012  montraient  que  les  autorisations 

d’extraction  de  roche  massive  en  cours  répondaient  au  besoin  au  moins  jusque  2020.  Les  autorisations 

intervenues depuis (Exemple : La carrière de Souvigny éloignée d’une dizaine de kilomètres vient de recevoir 

l’autorisation  de  poursuivre  et  d’étendre  son  activité)  et  la  crise  actuelle  repousse  sans  aucun  doute  cette 

échéance de plusieurs années. 

La création de nouvelles carrières ne possède pas un caractère d’urgence et doit être réalisé avec un impact 

minimal. 



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Nuisances à proximité immédiate du site. 

Dans  un  rayon  de  800  m,  le  site  est  entouré  de  6  hameaux  et  son  positionnement  à  flanc  de  colline  expose 

particulièrement  3  d’entre  eux  (Les  Arclans,  La  Côte,  Le  Bouis)  aux  nuisances  générées,  les  2  principales  me 

semblant être le bruit et la poussière. Le dossier et son complément permettent une appréciation correcte de la 

nuisance sonore, l’étude de l’empoussièrement et de ses conséquences est moins précise. 

Plusieurs carrières du même  type, voire  plus importantes, existent  dans le département ; les mesures réalisées 

depuis leur mise en exploitation démontre la capacité des professionnels à maîtriser ces risques et à les rendre 

cohérents vis-à-vis des enjeux. 

En tout état de cause, un effort semble devoir être fait pour limiter les impacts de l’exploitation de la carrière vis-

à-vis de ces hameaux. 

-

 

Le  dossier  cite  sans  rentrer  dans  le  détail  « la  présence  de  merlons  périphériques  associés  à  une  haie 



boisée » ;  un dimensionnement  adapté et leur  « végétalisation »  peut  contribuer à  réduire  efficacement les 

nuisances précitées et éviter que les fronts de taille aient un impact paysager trop négatif. 

-

 

Le  rythme  d’exploitation,  c'est-à-dire  la  quantité  de  matériaux  extrait,  peut  également  être  modéré  pour 



rendre acceptables les nuisances générées.  

Trafic routier. 

En régime d’activité maximale autorisée (250.000 t/an), l’exploitation de la carrière engendrerait un trafic estimé 

à 88 véhicules par jour dont 84 poids-lourds, ce qui représente un véhicule toutes les 6 à 7 minutes pendant les 

heures ouvrées. La RCEA et la D137 pourront sans grande difficulté absorber le trafic supplémentaire, ce ne sera 

pas le cas à l’intérieur du bourg de Cressanges ; plusieurs points durs apparaissent sur le trajet entre la carrière et 

les ronds points d’accès à la RCEA. 

S’il ne faut pas perdre de vue que ces valeurs sont des maxima que la noria sera moindre lors de la montée en 

puissance et en régime moyen, les risques peuvent devenir inacceptables, surtout si l’activité de la carrière de La 

Garde était relancée.  

Dans son mémoire en réponse aux observations du public, la SAS TAINE annonce qu’elle « est disposée à étudier 

un  autre  tracé  permettant  de  rejoindre  la  RCEA  lorsque  la  carrière  aura  atteint  son  rythme  de  croisière ».  Des 

solutions  sont  envisageables  mais  leur  coût  sera  élevé  et  sollicitera  d’autres  acteurs  (la  commune,  le 

département…). 

Aménagement du bourg du Cressanges. 

La  municipalité  de  Cressanges  axe  l’attractivité  de  son  bourg  sur  sa  position  de  porte  d’entrée  sur  le  bocage 

bourbonnais,  ses  paysages  façonnés  par  l’activité  rurale,  sa  qualité  environnementale  favorable  au  tourisme 

champêtre. L’implantation d’une carrière de roche massive n’est pas bienvenue dans ce contexte et est mis en 

opposition avec l’aménagement du bourg et le projet de lotissement de la rue Copin. 

En 2008, la commune a initié un « contrat d’aménagement du bourg » d’un montant total de l’ordre du million 

d’euros comportant  de  nombreux travaux  de  voirie. La  dernière  tranche  dont  la  réalisation  prévue  en  2016  ne 

peut  être  retardée  incorpore  la  sécurisation  de  la  circulation  au  niveau  des  écoles.  Son  adaptation  à  un  trafic 

poids-lourds plus important engendrerait un surcoût que la commune ne peut pas assumer. 

La municipalité craint donc que l’implantation d’une carrière détruise les efforts réalisés et impacte négativement 

l’attractivité de la commune. 


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.

 

5 -



 

C

ONCLUSION

 

 

Vu l’ensemble du dossier



vu les éléments ci-dessus

considérant  que  dans  le  contexte  actuel  le  besoin  en  granulats  du  secteur  de  Cressanges  ne  justifie  pas  les 

inconvénients liés à la création et l’exploitation d’une nouvelle carrière, 

j’émets un avis défavorable à la demande d’autorisation d’exploitation d’une carrière sur Châtillon et Cressanges 

de la SAS TAINE Père & Fils. 

 

Si la commission des carrières décidait néanmoins d’autoriser son exploitation, devront être étudiés : 



 

l’aménagement  du  haut  de  la  rue  de  La Garde  et  la  mise en  place  d’un  itinéraire  direct  permettant  de 



rejoindre la RCEA, 

 



la mise en œuvre de moyens de réduction des nuisances plus importants vis-à-vis des habitations les plus 

proches. 

 

 

Fait à Bellerive sur Allier le 01/02/2016 



M. LOTH Alain 

Commissaire enquêteur 



 

 

 



 

 

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