Cours d’introduction à l’analyse économique Pascal da Costa


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6.1.2 La croissance endogène
Les modèles récents sur la croissance économique, issu des nouvelles théories de la
croissance (corpus théorique de la croissance endogène apparu au début de la décennie
1990) ont permis une meilleure compréhension des phénomènes de croissance et de la
façon dont la politique économique pouvait jouer sur la croissance de long terme.
Le modèle de Romer (prix Nobel 2018) de croissance endogène
Une partie importante du progrès technique résulte du comportement d’entrepre-
neurs/innovateurs privés qui recherchent le profit. Dans le modèle de Romer (1986),
le progrès technique résulte de la production de connaissances techniques, ou d’idées,
permettant de produire des biens nouveaux. Ce modèle de croissance est dit endogène
car l’activité d’innovation y est précisément décrite et impulse la dynamique de l’éco-
nomie. L’innovation est généralement protégée par un système de brevets de sorte que
l’innovateur obtient un pouvoir de marché et réalise des profits. Plus précisément, le
progrès technique est assimilé à une augmentation du nombre de biens intermédiaires.
La variété est une source de richesse car elle permet d’améliorer la productivité des
facteurs de production dans la fonction de bien final.
Hypothèses du modèle : L’idée à la base du modèle est que la productivité marginale
du capital peut être non décroissante de sorte que les grandeurs par tête vont pouvoir
croître sans limite (on parle de croissance auto-entretenue). On suppose que la force de
travail (la population) est constante au cours du temps.
Il existe ensuite N entreprises identiques qui ont toutes la même fonction de production :
y
it
(K
it
, A
t
L
it
) où yi est le niveau de production d’une entreprise, Ki son niveau
103


de capital et Li la force de travail qu’elle utilise (l’indice i représente l’entreprise). La
variable A est commune à l’ensemble des entreprises : elle représente le niveau techno-
logique ou le niveau de connaissance dans l’économie. La fonction de production est à
rendements d’échelle constants pour chaque entreprise i.
Le niveau technologique dépend du stock de capital total : A
t
a
P
N
i=1
K
it
où a est un
paramètre positif strictement. On peut justifier la relation ci-dessus en évoquant soit un
effet d’apprentissage (Arrow), soit les complémentarités qui existent entre les entreprises
(effet de spécialisation) ; ces deux phénomènes aboutissant à ce que la productivité d’une
entreprise soit d’autant plus élevée que le nombre d’entreprises dans l’économie (N) est
important.
Par hypothèse, toutes les entreprises sont identiques : à l’équilibre, elles ont donc toutes
le même niveau d’activité. Soit Y
t
=
P
i
Y
it
NY
it
le niveau de production totale de
l’économie, K
t
=
P
i
K
it
NK
it
le stock de capital de l’économie et L
t
=
P
i
L
it
NL
it
l’emploi total.
Résolution du modèle
En passant en variable par tête, la fonction de production peut être réécrite sous la
forme : y
it
f(A
t
, k
it
). Au niveau de l’économie, il existe donc des rendements croissants
qui résultent de l’existence d’externalités (la production d’une entreprise dépendant de
son niveau de capital mais également du niveau de capital de l’ensemble des entreprises)
puisque A
t
aNK
t
.
Le niveau d’épargne ( soit 0 < s < 1 le taux d’épargne) est proportionnel au revenu
() et égalise l’investissement ( ˙K) de sorte que l’on peut écrire : ˙k/k = ˙K/K − ˙L/L =
sY /K − ˙
L/L
sy avec Y/K et ˙L/L = 0 (constant par hypothèse). En prenant
une fonction de type Cobb-Douglass (K
1−α
it
(A
t
L
it
)
α
), on aboutit à l’expression suivante
pour la production par tête :
y
t
k
t
(aNL)
α
Le taux de croissance de l’économie est :
g
=
˙y
t
y
t
=
˙k
t
k
t
=
sy
t
k
t
s(aNL)
α
Celui-ci dépend du taux d’épargne (s), du paramètre reliant le stock de capital au niveau
technologique de l’économie (a), le nombre d’entreprises dans l’économie (N) et la taille
de la population (L).
Propriétés du modèle
L’hypothèse de proportionnalité stricte entre le stock de capital et la connaissance où
la technologie est la seule qui permet l’obtention d’une croissance auto-entretenue de
la production. Cette hypothèse est dite « fil du rasoir » car si cette proportionnalité
n’était pas stricte alors la croissance serait soit nulle, soit explosive.
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On note la présence de la taille de la population dans l’expression du taux de croissance
de sorte que celui-ci est d’autant plus élevé que la taille de la population est grande
(effet d’échelle).
Le taux de croissance est dit endogène au sens où des paramètres propres à l’économie
(a, L, N) ou pouvant être influencés par des choix économiques (s) entrent dans la
détermination du taux de croissance de l’économie.
Dans ces nouveaux modèles, le niveau du taux de croissance de long terme dépend de
facteurs propres à chaque économie, dont sa politique de recherche-développement
1
.
De plus, une distinction importante est souvent faite dans ces modèles entre capacité
d’innovation et capacité d’imitation : la première renforce la croissance de long terme et
la seconde permet un rattrapage économique (croissance temporaire plus forte, à l’image
de l’Europe et son rattrapage sur les Etats-Unis pendant l’après-guerre). Renforcer le
potentiel de croissance de l’Europe revient à promouvoir l’éducation supérieure pour sortir
d’un développement économique jusqu’à présent encore trop basé sur l’imitation. Dans le
cas de la France, cela consisterait dans les faits à augmenter fortement les ressources de
l’éducation supérieure. En effet, on peut dire que, jusqu’à maintenant (et en ce moment
même !), un effort financier important a été fait pour l’éducation primaire et secondaire
en France, avec pour objectif d’atteindre la frontière technologique. Maintenant que cet
objectif est clairement atteint (et cela depuis quelques décennies déjà !), il conviendrait
de promouvoir nos capacités d’innovation !
Les modèles économiques récents de croissance endogène ont donc été les sous-jacents
théoriques principaux de la stratégie européenne en matière de capital humain et d’inno-
vation telle qu’elle a été énoncée à Lisbonne en 2000. Au final, le bilan de cette stratégie
est bien triste : l’effort de recherche-développement dépasse aujourd’hui difficilement les
2 % du PIB, en moyenne, dans le zone euro, faute d’une politique de l’innovation vo-
lontariste et partagée en Europe. Et la crise économique qui frappe actuellement notre
continent a plus de chance de durer que les européens n’ont pas su construire le mo-
teur de sa croissance. Nous poursuivons maintenant sur les enjeux environnementaux et
le concept de développement durable. Nous venons de voir qu’il existait des retombées
1. En matière d’analyse économique de l’Education, il faut préciser que la théorie du capital humain
de Becker (1964) démontre que les agents arbitrent dans leurs décisions en matière d’études entre d’une
part, le supplément de salaire qu’ils retireront de leur formation et, d’autre part, la perte de revenus, où
le coût d’opportunité, liée à la poursuite des études. L’éducation remplit deux fonctions : la fonction de
transmission des connaissances qui accroît la productivité des étudiants ; et la fonction de signal, présentée
par Spence (1973), qui montre que le système éducatif sert également de filtres. Les entreprises sont en
effet incapables d’observer les capacités et les talents innés des individus (asymétrie d’information) : donc
le signal procuré par l’obtention d’un diplôme permet de résoudre cela également.
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nombreuses de la politique d’innovation, notamment en matière de croissance de long
terme : c’est également vrai en matière environnementale.

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