Cours d’introduction à l’analyse économique Pascal da Costa
Concurrence et innovation
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2.6 Concurrence et innovation
Nous revenons maintenant à Schumpeter (1942) que nous avions cité dans l’introduc- tion de ce chapitre : pour cet économiste, la structure de marché la plus appropriée pour l’innovation est le monopole. En effet, le monopole (ou l’entreprise de grande taille) est le seul à pouvoir dégager des profits suffisants, à même de pouvoir financer les programmes de recherche-développement très coûteux. Cet argument apporte donc une justification au pouvoir de monopole lorsqu’il permet de fournir les conditions pour qu’apparaissent les innovations. Cette idée a cependant était remise en cause par Arrow (1962) qui a invoqué l’ar- gument de l’effet de remplacement : un monopole existant est moins incité à innover de nouveau qu’une firme placée dans une situation de concurrence. L’intuition est la sui- vante : l’entreprise qui innove en concurrence obtient un différentiel de profits plus élevés, (son profit, avant innovation, est nul), si l’innovation lui permet de devenir un monopole. Gilbert & Newbery (1982) développent quant à eux l’argument d’effet d’efficacité qui, dans certaines conditions, permet d’expliquer la persistance du monopole. Cela a eu pour effet de remettre au goût du jour la vision schumpétérienne. Quand un monopole est 44 menacé par l’entrée d’un concurrent potentiel, il est incité à innover pour conserver son monopole. Dans ce cas, la disponibilité à investir d’un monopole est la valeur qui annu- lerait les profits futurs actualisés (exprimés en valeur courante) du concurrent potentiel. Ce comportement est proche des stratégies de prolifération de brevets développées par Intel, Microsoft ou Xerox. Les recherches plus récentes sur le lien entre la concurrence et l’innovation permettent maintenant de mieux expliquer les faits empiriques, comme par exemple le fait que de nombreuses start-up dans le domaine des biotechnologies et des technologies de l’informa- tion sont à l’origine de nombreuse innovations alors qu’elles vivent dans un environnement assez concurrentiel. De tels phénomènes ne peuvent pas être expliqués par les anciennes théories puisqu’elles stipulent que seuls les monopoles sont capables d’innover. Boone (2000) et Aghion et al. (2001) montrent que la relation entre le degré de la concurrence et l’incitation à l’innovation n’est pas monotone. Ils établissent une relation en U inversé entre l’intensité de la concurrence et l’intensité de l’innovation : avec un niveau faible de concurrence dans le secteur, l’intensité à innover est faible ; mais l’aug- mentation de la concurrence entraîne un effet positif sur l’activité en matière d’innovation, jusqu’à un seuil au-delà duquel l’excès de concurrence lamine les profits et limite ainsi la possibilité de financer la R&D. 45 46 |
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