Cours d’introduction à l’analyse économique Pascal da Costa


 L’innovation : une externalité positive


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2.3.1 L’innovation : une externalité positive
Un bien non totalement exclusif ne permet pas à son propriétaire de tirer tous les
bénéfices possibles de sa détention ou de sa production. On dit alors que les bénéfices
se dispersent : ils ne peuvent donc être intégralement récupérés par les propriétaires.
Ce phénomène est qualifié d’externalité positive (ou effet externe positif). Cela induit
souvent que le bien n’est pas produit en quantité suffisante par le marché. C’est le cas
par exemple de la connaissance, fruit des recherches privées menées par les entreprises.
Nous allons maintenant décrire de façon plus précise ce qu’est la dispersion des bénéfices
en matière d’innovation et de connaissance.
Des entreprises peuvent capter les connaissances produites par leurs concurrents qui
sont utiles pour le développement de certains de leurs biens (ou de certains de leurs
services), sans avoir à investir en recherche et développement ! C’est la nature même de
la connaissance qui permet cela : la connaissance est un bien non exclusif et non rival.
Comme la connaissance se diffuse, l’entreprise qui met à jour la connaissance n’est pas la
seule à en bénéficier. La question de la diffusion des connaissances est donc un problème
économique très important, dans la mesure où si aucune entreprise ne peut s’approprier
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pleinement les résultats de ses propres recherches, alors aucune ne sera incitée à se lancer
dans de coûteux programmes de R&D. Et même si certaines osent se lancer, la quantité
totale de recherche privée sera trop faible (plus faible que ce qui serait optimal de réaliser
pour la société toute entière). On voit bien que cela peut nuire au développement scien-
tifique et technique du pays et même restreindre son développement économique (nous
verrons à la fin de ce cours que le progrès technique est déterminant dans la croissance
économique de long terme).
Le système de brevet permet en partie de résoudre ce problème. L’entreprise dépose
un brevet et obtient en retour le droit exclusif d’utiliser sa nouvelle connaissance tech-
nique, son nouveau produit, ou son nouveau procédé de production pour une période
limitée (généralement de 20 ans). On dit qu’elle dispose d’un pouvoir de marché tem-
poraire : cela lui permet d’amortir le coût fixe initial lié au programme de recherche et
développement qu’elle a financé. Le brevet a une deuxième caractéristique essentielle :
il permet la diffusion de l’information scientifique et technique. En déposant le brevet,
l’entreprise décrit précisément son invention. Ainsi les futurs inventeurs peuvent utiliser
ces données pour aider leur propre recherche. Au final, le brevet a deux effets dynamiques
contradictoires : d’une part, il améliore l’efficacité dynamique de l’économie, en stimulant
le progrès technique grâce à la possibilité de tirer des profits de ses propres inventions ;
d’autre part, il réduit (de façon provisoire) l’efficacité statique dans le sens où le brevet
confère un droit de monopole temporaire, soit une situation sans concurrence.
Mais, face au développement des nouvelles technologies (par exemple sur les gènes)
ou de nouveaux produits (par exemple des logiciels), le brevet, comme outil économique,
est une solution de moins en moins satisfaisante, car les biens, de plus en plus complexes,
nécessitent le dépôt de plusieurs brevets. Le fait de ne pas pouvoir commercialiser un
bien parce qu’il nécessite l’utilisation d’un brevet détenu par une autre entreprise, repré-
sente une véritable barrière à l’entrée dans le secteur. Cette barrière peut entraîner une
diminution forte de la concurrence sur un marché. Ensuite, le système de brevet n’est pas
toujours le plus efficace du point de vue de l’entreprise. Dans l’exemple des logiciels, un
ensemble d’innovations séquentielles est nécessaire et ne conduit pas forcément à autant
de dépôts de brevets : souvent la protection par simple copyright des programmes des
logiciels peut être plus efficace (équilibre entre protection et innovation). En effet, un
brevet peut étrangler l’innovation lorsque celle-ci présente un caractère complémentaire,
c’est-à-dire que des innovations sont nécessaires à d’autres innovations.
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